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jeudi 30 septembre 2010

De Détroit à Sochaux


Des robots et des hommes

__Vu à la télé...
_France 5_




__Deux univers , semblables et différents.
-Hier: Le fordisme commençant, inspiré de Taylor, quelque part dans le nord des USA, dans les années vingt.[-Même si Les temps modernes ne correspond pas à une description au sens strict-]
-Aujourd'hui: la robotisation poussée, à Sochaux ou à Onnaing-Valenciennes, sous l'influence du toyotisme.
_Toyota, le nouveau modèle?

Des voitures. Un cadre gris, un autre coloré. Deux mondes éloignés?

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____Sur le fond, des principes semblables: la lutte pour du temps gagné, l'organisation rationnelle des tâches, l'économie du geste, sa répétitivité, la standardisation, la polyvalence des activités, la rentabilité (produire plus en moins de temps)
-Mais un système encore "rudimentaire" jusque dans les années 80, avec des machines assez traditionnelles, quoique parfois sophistiquées, un monde "gris", plutôt rebutant, peu souple, très hiérarchisé : "le travail à la chaîne de papa".
-Un monde plus "clean" depuis une trentaine d'années, plus pensé dans le détail, plus organisé (le numérique est l'outil de base, qui calcule le geste, le déplacement, le mouvement de la "file", qui découpe plus finement l'activité et régit la logique, le management d'ensemble), moins hiérarchisé en apparence, plus souple, le système étant sensé reposer sur la responsabilité valorisée des "opérateurs", voire des "compagnons", à forte polyvalence.

__Un point de convergence: le même objectif, théorisé dès le 18° siècle par Adam Smith, "père de l'économie moderne": dans le cadre de la concurrence des entreprises entre elles, la baisse du coût de la force de travail ("capital variable") est primordiale, car elle détermine le prix, la valeur étant conditionnée par le temps de travail moyen pour produire une marchandise. D'où l'exigence de réduction du temps de travail moyen, d'où la nécessité de sa rationalisation, couplée à de nouvelles machines qui la renforcent. Time is money...La rentabilité et le profit sont l'alpha et l'omega. De proche en proche, on est arrivé à la forme, pour l'instant la plus aboutie d'organisation : le toyotisme, devenu un modèle universel. A quand l'usine complètement automatisée (dont rêvait Aristote comme un mythe), où l'homme serait définitivement absent? On s'en approche parfois...


____Une libération du travail?
Des gains formidables de productivité certes, dans cette course permanente pour le temps, mais à quel prix?
-Moins d'efforts physiques, mais réduction de l'espace de travail, isolement des opérateurs (le mot "ouvrier" , OS, est devenu has been), augmentation des cadences, pénibilité, responsabilité accrue, vide de la pensée et du goût du travail, qui perd de son sens, management permanent et impersonnel, stress important lié au "juste-à-temps", au flux-tendu
. D'où la démotivation, les affections squeletto-musculaires, l'effacement de la solidarité, la crainte constante de la délocalisation ou/et du licenciement (une partie du personnel temporaire_volant de sécurité, "matelas" commode quand chutent les commandes_ étant sous le régime de la précarité)
__________________-Une organisation logique mais impitoyable, dont les enjeux sont aujourd'hui mondiaux. Se développer ou mourir: quel fabricant dominera les marchés demain, en éliminant les concurrents? De ce point de vue, rien n'a changé depuis le 19° siècle...sauf la priorité donnée aujourd'hui au capitalisme financier et à l'actionnariat toujours plus gourmand.
Le capitalisme financier: le grand acteur non visible dans les ateliers de montage.

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Faut-il licencier les robots ?

"...Deux chercheurs français ont découvert que l'annonce des plans de licenciement présentait ces dernières années un étrange phénomène: ils surviennent en masse deux fois par an. Pourquoi? Tout simplement parce que les dirigeants, talonnés par la crise, cherchent obsessionellement à augmenter leur productivité juste avant l'assemblée générale des actionnaires (en hiver) et les résultats intermédiaires pour les investisseurs (en été). Or il est bien plus facile de réduire les dépenses salariales que d'augmenter les ventes ou d'inventer de nouveaux produits... Les temps sont révolus où un patron était fier du grand nombre de ses employés. Le grand chic, aujourd'hui, c'est d'écrémer. Au nom d'un pseudo-ratio économique trompeur. «La productivité par employé a augmenté de 40000 à 50000 francs», déclarent triomphalement les directeurs à leurs actionnaires. Or la productivité n'est pas le rapport entre chiffre d'affaires (au-dessus de la barre de fraction) et nombre d'employés (au-dessous). En réalité, elle comprend aussi tous les autres facteurs de production: investissements, en machines ou autres, stocks, etc. On peut être aussi mauvais patron en achetant des machines ou en laissant dormir des stocks qu'en engageant des travailleurs inutiles, des conseillers parasites, des restructurateurs bidon... ou en se taillant un salaire de lion. Quand les actionnaires l'auront compris, le nec plus ultra sera peut-être de licencier ses robots, les consultants... ou les patrons..."

...ou les taxer ?

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