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lundi 17 mai 2010

Grèce: qui ment?


Grèce: notre problème

___Les dés sont pipés

-Comment achever le mourant?
Tourisme en Grèce: le gouvernement craint l'hémorragie
-La Grèce compte surtout sur tourisme qui est l'un des plus puissants moteurs de l'économie (17% du Produit intérieur brut).-
["En Grèce, le tourisme occupe un quart de la population active et représente 17% du Produit intérieur brut. Mais ce secteur d’importance capitale traverse une situation critique, victime d’annulations en série. Contrairement à l’Islande où la crise économique et la récession ont dopé le tourisme en raison de la chute de la monnaie locale, la Grèce fait en ce moment fuir les touristes. Les défections sont nombreuses dans les grands centres touristiques en Grèce continentale comme Athènes."-G.Burimi-]

_______- Il y a un risque important d’asphyxie de l’économie grecque », reconnait Philippe Sabucco, économiste chez BNP Paribas. « L’économie grecque va replonger dans une récession encore plus forte en 2010 », prévient Francesco Saraceno, économiste à l’OFCE. Pour Jean-Paul Fitoussi, professeur des Universités et membres du Conseil d’analyse économique, « une telle austérité imposée en période de crise est totalement contre-productive et pourrait même avoir des effets opposés à ceux attendus, c’est-à-dire conduire à une baisse des recettes fiscales ».

_________________- « Réduire de quatre points un déficit en un an, c’est du jamais vu, c’est de la sauvagerie ! », s’exclame Jean-Paul Fitoussi. « C’est même amoral car cet excès de rigueur ne peut qu’avoir des conséquences sociales et politiques graves », ajoute-t-il. La stratégie optimale, explique Francesco Saraceno, aurait été d’établir un plan de redressement des finances publiques grecques graduel sur une période plus longue, d’ici à 2020


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-Au concours de mensonges, il y a pire que les Grecs!
"Les Grecs sont accusés d’avoir menti pour entrer dans l’euro. Peut-être. Encore qu’ils ne doivent pas avoir été les seuls.
Ce qui est sûr, c’est que, de langue de bois en optimisme de commande, d’ignorance des problèmes économiques en volontarisme politique, presque tout le monde, dans le suivi de la crise grecque, ment ou en tous les cas parle à tort et à travers.
_______Premier mensonge : se focaliser sur les déficits publics grecs. Ils sont assurément un problème, un peu plus grave en Grèce que dans d’autres pays - un peu plus seulement- mais ce n’est pas le problème principal. Le problème principal de la Grèce, c’est le différentiel d’inflation entre elle et les autres pays de la zone euro, singulièrement l’Allemagne, qui s’est creusé depuis dix ans, à hauteur de 30 à 40 %, et qui fait qu’ aucun produit grec, même les olives, n’est plus compétitif. Si ce problème n’est pas résolu, les prêts du FMI ou de l’Europe n’alimenteront que le tonneau des Danaïdes. Ce n’est pas de 5 ou 10 % que les Grecs devraient se serrer la ceinture pour retrouver leur compétitivité, c’est de 30 à 40 %. Aucun pays ne l’a jamais fait, ils ne le feront pas.
________Deuxième mensonge – ou erreur : affirmer, comme l’ont fait à peu près tous les gourous, consultants internationaux et autres augures depuis deux ans que la Grèce ne saurait sortir de l’euro parce que c’est juridiquement impossible ou techniquement très difficile. Aussi absurde que d’aller dans un hôpital et de dire : tel malade ne saurait mourir parce que sa mort serait illégale ou parce que cela poserait trop de problèmes à sa famille !
_______On dit aussi : en tout état de cause, la sortie de l’euro et la dévaluation qui s’en suivra seraient encore plus pénibles pour les Grecs que le régime de rigueur que l’Europe tente de leur imposer. En un sens, c’est vrai. La dévaluation suppose que les prix des produits importés vont augmenter de 30 ou 40 % et que donc les Grecs devront se serrer la ceinture. C’est un fait : toute dévaluation est douloureuse. Avoir une monnaie surévaluée, c’est vivre au dessus de ses moyens ; dévaluer c’est remettre les pieds sur terre. Il est vrai aussi qu’une dévaluation, pour réussir, doit s’accompagner de mesures de rigueur. Mais il y a une différence.
Le plan de rigueur actuel ne mène à rien. D’abord parce qu’il est insuffisant, ensuite parce qu’il en traite pas le problème au fond : la Grèce ne devenant pas plus compétitive, n’aura toujours rien à vendre pour rembourser le prêts qu’on lui consent et ne fera donc que s’enfoncer. En revanche, une dévaluation, pour douloureuse qu’elle soit, remettra le pays sur la bonne voie pour se redresser. Ce redressement n’est certes pas automatique mais au moins, il est possible, alors que dans le premier cas, il ne l’est pas.
C’est sans doute parce que les Grecs ressentent l’inutilité de leurs efforts qu’ils ne sont pas décidés à les faire. Les manifestations de mécontentement dans les rues d’Athènes ne cessent pas. La communauté internationale fait semblant de croire que les plans de rigueur promis par M.Papandréou ont une once de crédibilité. Pour qui nous prend-t-on ? On invoque le cas de la Lituanie. Mais celle-ci n’était pas dans l‘euro, elle pouvait donc se sacrifier avec quelque espoir que ça serve à quelque chose. Cela a-t-il d’ailleurs servi ?
_______Enfin, tout aussi mensongère est la rhétorique de l’ « aide à la Grèce ». Tout juste si on ne lance pas un appel au public pur qu’il verse à la Croix Rouge ! Les Français sont généreux ; 60 % d’entre eux approuvent l’aide à la Grèce. Les Allemands, eux ne le sont pas : 80 % refusent cette aide, même s’ils doivent être les premiers perdants d’un éclatement de l’euro (et nous les premiers gagnants !). Mais tout cela est parfaitement fallacieux : l’aide financière à la Grèce, qui est d’ailleurs un prêt à taux conséquent, pas un don, n’a rien à voir avec l’aide que l’on peut apporter à un pays victime d’une catastrophe. Si nous n’aidons pas les Grecs, ils ne s’en porteront pas plus mal ; au contraire, ils feront plus vite défaillance et on sait que les seules dettes qui coûtent sont celles que l’on rembourse, pas celles que l’on ne rembourse pas. Comme on ne saisira pas leurs îles, ni le Parthénon, quoi qu’en dise la presse allemande, ce sera tout bénéfice pour eux. Et si nous les aidons, ce sera pour enrichir un peu plus les spéculateurs qui ont joué les usuriers auprès d’un pays en difficulté...
" (R. Hureaux)
-Le "cas grec" : un cas d’école
-Argent contre armes : la France fait-elle chanter la Grèce ?
-Le cas letton:
"Petit pays balte de 2,2 millions d’habitants, la Lettonie a aujourd'hui le triste privilège d’être fréquemment désignée comme l’exemple à ne pas suivre. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, elle faisait figure de «tigre» avec ses deux voisines l’Estonie et la Lituanie, elles-aussi ex-républiques soviétiques, avant de rejoindre avec Riga l’Union européenne en 2004.
Le fauve letton a connu une croissance rare -9% annuels entre 2000 et 2007 ! L’une des croissances les plus rapides au monde, accompagnée, en toute logique, d’une hausse vertigineuse des salaires, qui ont doublé entre 2005 et 2008 ! Suivit une ruée sauvage sur l’immobilier, et la consommation, qui firent exploser les prix et ont conduit à un endettement considérable –la Lettonie bat tous les records européens avec 89,3 % de prêts libellés en euros.
La chute n’en fut que plus rude, courant 2008. Après les années d'euphorie, où les ménages et les entreprises ont massivement emprunté, le «tigre» balte a reçu en pleine gueule l'arrêt brutal des flux de capitaux, l'explosion de la bulle immobilière et l'effondrement du commerce mondial. Sous l'effet de ce triple choc, production, investissements, et consommation se sont effondrés, tandis que le chômage triplait en quelques mois, dépassant 18%.
Ces problèmes étaient pourtant prévisibles, se désole Jeffrey Sommers, de la Stockholm School of economics à Riga. «Sans régulation des prix ni protection industrielle, avec une politique fiscale qui appauvrit le travail et le capital industriel en récompensant les spéculateurs, l’économie lettonne s’est peu développée. Ce qu’elle a réussi - et qui lui a valu tant d’applaudissements en Occident- c’est d’accumuler avec empressement d’énormes dettes pour financer ce désastre économique».
C’est alors que les pompiers du FMI sont arrivés, avec dans leur besace, un prêt de 7,5 milliards d’euros, dont 1,7 milliards fournis par le Fonds, 3,1 milliards par l’Union européenne, 1,8 milliards par les pays nordiques, le reste par la banque mondiale, Prague, la BERD, Tallin et Varsovie. Pour obtenir ce prêt, Riga a dû adopter un plan de rigueur ultra spartiate : les fonctionnaires ont vu leurs salaires amputés de 30 %, le salaire minimum a fondu de 20 %, à 140 euros par mois, les retraites ont baissé de 10 %, les salaires des enseignants de 50 % et les dépenses de santé ont été amputées d'un tiers.
Résultat : après une chute de 4% de son PIB en 2008, puis de 18% en 2009, avec une baisse de 26% des recettes budgétaires, l’ampleur de la dépression lettonne dépasse celle des Etats-Unis en 1929 ! Du coup, des dizaines de milliers de Lettons quittent le pays – sans doute les plus entreprenants, s’inquiète Jeffrey Sommers - tandis que des dizaines de milliers d’autres, privés de revenus, renoncent à avoir des enfants. Et ce n’est pas fini… Mark Griffiths, chef de la mission du FMI à Riga, juge inévitable une nouvelle cure d’austérité – équivalent à environ 7% du PIB- pour 2011-2012.. Ainsi, le pays exangue répondra aux critères de Maastricht et pourra adhérer à l’euro dès 2014, assure-t-il !" (A.Dastakian)
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Grèce: détresse

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