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samedi 10 avril 2010

Pôle emploi: bazar statistique

Malaise à Pôle emploi

- Chomage : chiffres fiables ?-

"..Décapant, instructif, anecdotique, ce petit opus de 132 pages est un témoignage de la vie compliquée, pour cause de fusion et de crise, d'un conseiller Pôle emploi. On y apprend comment radier les demandeurs d'emploi est parfois un sport à la mode, comment la mise en place du 3949 a poussé au ridicule ou comment les employeurs font leur marché parmi les chômeurs... " (M.Landré-Figaro)
___-Confessions d'une taupe-

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Pôle emploi, un sale boulot - AgoraVox:
"Pôle emploi perd-il le nord ? Depuis janvier 2009, date de la fusion des Assédic et de l’Anpe, il n’y a pas que les chômeurs qui ont le moral dans les chaussettes. Force est de constater que le malheurs des uns ne fait pas le bonheur des autres et que les agents de Pôle emploi sont au bord de la crise de nerfs.
Il faut dire que la nouvelle agence pour l’emploi a mal commencé : neuf mois pour trouver un nom et un logo. Coût de l’opération : 500 000 euros. Un cabinet de rapaces remaquille l’organigramme. Dorénavant Pôle emploi dispose d’une « direction marketing », d’un département « pilotage et performance », d’une « direction clients » (les clients sont les demandeurs d’emploi). Coût de l’opération : 8 millions d’euros.
Dès le départ Christian Charpy, le patron, demande 45 000 euros d’augmentation (par an). L’affaire est politique. Ça ne passe pas. Enfin on met en place un numéro de téléphone qui non seulement ne fonctionne pas, mais est surtaxé...
N’en jetez plus. Ceci est la face visible de l’iceberg. Le reste il faut pouvoir le vivre de l’intérieur pour le raconter. C’est ce qu’a fait Gaël Guiselin (un pseudonyme). Diplômé de l’enseignement supérieur, ancien chômeur de longue durée, il a décroché un job à l’Anpe juste avant que se termine ses droits.
Dans Confessions d’une taupe à Pôle emploi (Calmann Lévy), écrit en collaboration avec la journaliste Aude Rossigneux que nous interviewons ci-dessous, il raconte en détail le quotidien des chômeurs et celui des agents de Pôle emploi. On peut presque se demander qui sont les plus mal logés.
« A Pôle emploi, personne n’a de bureau fixe...L’espace de travail est une denrée rare... Il arrive aux agents de prendre leurs affaires et de s’installer dans la cuisine du personnel pour mitonner leurs dossiers ou assaisonner un malheureux demandeur d’emploi sur un coin de table... ». Ne parlons pas des rats qui s’invitent dans certaines agences...
On se demande si ce service est encore public tellement sa mission est polluée par la culture du résultat. Pôle emploi ne sert pas à trouver du travail. C’est un outil politique au service d’un gouvernement ultra-libéral. Un saccage. Après avoir détruit les emplois, s’agit-il maintenant détruire les demandeurs d’emplois.
C’est une véritable machine à radier (les auteurs expliquent par le menu les 1001 tracasseries dont sont l’objet les chômeurs et comment, parfois sans raison, ils peuvent perdre leurs droits). Les agents chargés d’appliquer cette politique résistent parfois, mais sont de plus en plus souvent les cibles des chômeurs exaspérés par un système absurde. Les agressions se multiplient.
A Pôle emploi on parle une novlangue toute droit sortie du marketing. Florence Aubenas, dans Le quai de Ouistreham (éditions de l’Olivier) explique qu’à Pôle emploi on ne parle plus d’emploi, mais d’ « heures ». Les agents sont chargés de vous trouver des heures et pas du boulot.
Gaël Guiselin et Aude Rossigneux donnent à la fin de leur livre les clés pour comprendre cet univers déroutant. Exemple : « ORE - Offre raisonnable d’emploi : Mesure qui vise à faire accepter n’importe quoi à n’importe quel prix à un DE [Demandeur d’Emploi] qui n’a pas le choix ».
Ici « désinscrire » signifie radier, « je vais vous faire bénéficier d’un atelier » est le terme employé pour « je vous envoie pendant un certain temps dans une entreprise privée payée par vos impôts, et dans laquelle vous apprendrez peut-être à refaire votre cv ou à préparer un entretien, et comme ça vous ne viendrez plus en agence ».
On savait, grâce au Grand truquage (éditions La Découverte, 2009), ouvrage signé d’un collectif de statisticiens, que les chiffres de l’emploi étaient instrumentalisés.
Gaël Guiselin et Aude Rossigneux révèlent l’existence d’une grille qui permet littéralement de truquer ces chiffres et de leur faire dire ce qu’on veut : « Chaque mois le comité de pilotage départemental épluche les résultats des différents pôles, avec les yeux braqués sur une catégorie bien précise de chômeurs : les A. Nos clients sont soigneusement rangés dans des cases (A, B, C, D, E) et seuls les A (ceux qui n’ont pas déclaré la moindre heure de travail, la moindre formation, le moindre arrêt maladie) apparaissent dans les statistiques mensuelles du chômage... Pour prouver qu’il est un brillant sujet, le directeur de chaque antenne est prié de fournir des chiffres convaincants sur son taux de radiation ou de passage de la catégorie A à une autre ».
Ces Confessions d’une taupe à Pôle emploi est un livre ramassé, incisif, alerte, certes un peu de parti-pris (c’est avant tout un témoignage), mais instructif avant tout. Il nous apprend des choses que peut-être on ne devrait pas savoir..."

-A la recherche des chômeurs mystère:
"
Chaque fin de mois, Pôle emploi et la Dares (ministère du travail) publient le nombre de demandeurs inscrits à Pôle emploi à la fin du mois précédent. Ces chiffres sont très commentés dans les médias. Surtout en ce moment, vu qu'ils ne cessent d'augmenter. Fin février 2010, 3,8 millions de Français étaient à la recherche d'un travail. Ils n'étaient “que” 2,3 millions il y a deux ans, en février 2008. Dans cette note mensuelle, on trouve pourtant beaucoup d'autres infos. Comme, par exemple, le nombre total de personnes inscrites à Pôle emploi le mois précédent, et ceux qui en sont sortis.En février 2010, 484.000 personnes se sont inscrites ou réinscrites: licenciés, personnes ayant démissionné ou signé une rupture conventionnelle, fins de CDD et d'intérim, etc. A l'inverse, 471.000 sont sorties des statistiques. Problème: les données sur leur compte sont de moins en moins précises. Démonstration avec les chiffres de février 2010, publiés fin mars par Pôle emploi.
Seul un demandeur d'emploi sur 5 (18%) a quitté les listes du chômage parce qu'il a retrouvé un travail. La crise est passée par là: c'était un sur 4 (25%) il y a deux ans.6% (29.000 personnes) sont en “stage”: les chômeurs en formation sortent temporairement des statistiques.8,6% ont mis leur recherche entre parenthèses: congé maternité, maladie, accident du travail, départ en retraite...9,2% (43.300 personnes) ont été radiés (entre 15 jours et 12 mois) faute d'avoir répondu à une convocation ou parce que les demandeurs d'emploi ont refusé une offre jugée raisonnable. Cette proportion est stable (autour de 10%).Et les 60% restants? C'est là tout le problème: ils sont classés dans deux catégories aux contours très flous...."
__42% d'entre eux sont sortis des listes parce qu'ils n'ont pas mis leur dossier à jour: des “cessations d'inscription pour défaut d'actualisation”, en jargon Pôle emploi. Ils sont 200.000 par mois: c'est 16% de plus qu'il y a un an. 16,7% appartiennent à une catégorie carrément mystérieuse: les «autres cas». 78.700 individus dont la situation «ne correspond à aucune autre ventilation», dit Pôle emploi. Pas très précis! Or ces “autres cas” représentent une part toujours plus grande des sorties: en un an, leur nombre a explosé de 76%...
Selon Sylvette Uzan, ce bazar statistique est une conséquence de la fusion chaotique Anpe-Assedic: «L'augmentation des sorties pour “autres motifs” est brutale, et date de la création de Pôle emploi (en janvier 2009, ndlr). Les agents n'ont souvent pas été assez formés, ils sont débordés et fatigués, ils ont donc désinvesti cette activité qui consiste à faire remonter l'information: quand ils ne savent pas ou qu'ils n'ont pas le temps, ils cochent la case “autre”.»(M.Magraudeix)
-Pôle emploi : les confessions d'une taupe - Les dessous du social
-Pôle emploi et la fusion anpe assedic pour les nuls
-A Pôle emploi : «A quoi on sert, à part éponger la violence?»

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