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vendredi 15 janvier 2010

Haïti: un malheur après d'autres


Malédiction?

Un morceau d' île qui pourrait être un paradis s'il n'avait été ravagé par tant de drames naturels et humains . C'est comme si rien n'avait été épargné aux Haïtiens: cyclones, déforestation, coulées de boue,esclavage, mise en coupe réglée par des régimes corrompus, ingérence américaine et aujourd'hui :le chaos, qui laisse sans voix, dans un pays où la majorité vit avec moins de un dollar par semaine...

Une histoire aux drames sans fin
Une transition démocratique qui dure

-"...Une malédiction pèse-t-elle sur Haïti? Ce pays est-il condamné à la désolation? Quelques mois après le retour à un semblant de calme et d'ordre, des pluies diluviennes s'abattaient sur la frontière haïtiano-dominicaine, entraînant glissements de terrain et crues catastrophiques et dévastant de nombreux villages, principalement dans le Sud-Est du pays. Ces violentes précipitations, qui ont pris le relais des troubles politiques, ont laissé au moins 1 500 morts et plus de 15 000 sinistrés. Dans un pays où l'appareil d'État est embryonnaire, où le développement — durable ou non — n'est qu'un vain mot et où la population survit sans intervention de l'État, la grande fragilité des milieux entraîne la rupture des équilibres écologiques.
De plus, le manque de ressources et l'instabilité chronique des gouvernements, expliquent l'incapacité à mettre en place une politique minimum de prévention et de protection de l'environnement. Enfin, l'action anthropique décuple les conséquences des risques environnementaux. La déforestation a été l'une des principales causes de la catastrophe qui a frappé Haïti à la fin du mois de mai 2004: en effet, l'utilisation du charbon de bois pour la cuisson des aliments a entraîné la perte de plus de 80% de la couverture forestière du pays en quelques décennies.
Par où commencer pour tenter de résoudre les crises haïtiennes — la Crise? — à répétition qui touchent Haïti et engager le pays sur la voie du développement? Il semble que toute action sectorielle soit vouée à l'échec. En effet, les tentatives pour apporter une solution aux multiples problèmes auxquels se heurtent les Haïtiens, qu'il s'agisse de la malnutrition, de l'analphabétisme, de la situation sanitaire inquiétante, du chômage, de l'extrême faiblesse des revenus ou de l'éradication des bidonvilles, ont très souvent avorté. Les réformes structurelles — construction d'un État-nation, mise en place d'un cadre législatif et judiciaire solide, structuration d'institutions intègres — sont un préalable indispensable à toute intervention sectorielle ou conjoncturelle. Dans le cas contraire, les programmes nationaux et internationaux mis en œuvre, à grand renfort de publicité, continueront à être assimilés à du saupoudrage sans lendemain destiné à donner bonne conscience à un État faible, à des élites haïtiennes corrompues et à des organisations internationales confondant développement et charité. Et en l'absence d'État, à construire en 2004, la porte restera grande ouverte à des personnages élus «démocratiquement» exerçant leur fonction de chef de façon arbitraire et autoritaire.
Toutefois, les causes endogènes de la crise n’expliquent pas, à elles seules, la situation politique et socioéconomique préoccupante à laquelle est confronté le pays. Le poids des facteurs exogènes ne doit pas être sous-estimé. En effet, l’ingérence des puissances étrangères dans les affaires haïtiennes a toujours été un obstacle majeur à la création de l’État et de la nation. Cependant, l’intrusion étrangère dans l’histoire d’Haïti est souvent permise ou facilitée par la complicité des dirigeants et des élites haïtiennes."


-"Il y a chez nous tellement de pauvreté, de violences, de manipulations. Comment quelqu'un pourrait-il dire ici que la politique ne l'intéresse pas? Quand il n'y a pas d'électricité, pas d'eau mais qu'on reçoit des factures! Nous vivons dans un lieu qui nous détruit quelque part, qui nous emprisonne, qui nous manipule, donc il y a forcément un engagement. Même le simple regard sur soi est une sorte d'engagement par rapport à une société où le mépris, par exemple, est constamment présent. On ne peut se construire une bulle ici. Nos élites le font... avec de superbes villas emmurées environnées de bidonvilles. Mais il faut être un malade mental pour se construire une bulle en Haïti."(Gary Victor)






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Après les dictatures et les massacres, le plus grand tremblement de terre:
"La Première République noire créée dès 1804, par Toussaint Louverture qui se libéra de l'esclavage, dans la foulée des Lumières est nouvelle fois plongée dans des ténèbres, comme si une malédiction l'avait frappée. D'autres diront la détresse d'une population plongée dans le chaos depuis que la secousse la plus violente que la capitale, Port-aux-Prince, ait connu depuis au moins un siècle. Le chaos, les cris, l'errance de gens perdus au milieu des décombres, dans une ville plongée dans le noir et où, à part les riches maisons qui dominent la ville, tout a été frappé : pas seulement les bidonvilles, construits à la va-vite, ignorant évidemment toute norme antisismique, qui grimpent sur les collines dominant la mer, dont il ne reste plus rien, mais aussi tout le centre-ville où habitent les classes moyennes, puisque le Palais présidentiel et l'immeuble de l'ONU se sont effondrés sur eux-mêmes.
_____Port aux Princes ressemble au radeau de la méduse, comme une métaphore de mort vers laquelle ne cesse de dériver Haïti
:Port aux Prince ressemble au radeau de la méduse, comme une métaphore de mort vers laquelle ne cesse de dériver Haïti.
Cette malédiction est ancienne. Chaque génération l'a connue. Elle trouve ses racines, dès la guerre civile de 1800, dans l''antagonisme entre la majorité noire et la minorité mulâtre, une lutte d'influence qui ne va plus cesser jusqu' à nos jours entre les deux. Les mulâtres descendent des anciens affranchis. Établis dans les villes, ils possèdent ce qui reste de richesses sur l'île et se flattent de parler français. Les Noirs descendent des anciens esclaves. Alors que la Révolution haïtienne était une préfiguration du mouvement de décolonisation du siècle suivant, une affirmation du tiers-mondisme avant la lettre, l'émancipation de la majorité noire a connu, avec Duvalier et Aristide, la même involution.
__________Des Duvalier à Aristide, la révolution de la négritude mange ses enfants
:Ce sont les intellectuels progressistes noirs, apôtres de la négritude, qui ont porté Duvalier au pouvoir jusqu'à ce que les « tontons macoutes » les poussent à l'exil. Comme le dit l'écrivain et journaliste Lyonel Trouillot, «
on demeure sur des schémas presque coloniaux, prédateurs. Il y a des gens ici pour qui ce pays n'est pas un pays, c'est un commerce ». Un processus similaire s'est mis en place après vingt ans de dictature féroce des Duvalier père et fils avec son principal opposant le prêtre Aristide, qui était un défenseur de la théologie de la libération avant de devenir lui aussi un despote, avec des meurtres politiques de plus en plus nombreux et des variantes des tontons macoutes, recrutés dans le lumpenprolétariat des bidonvilles de la Cité Soleil pendant que les partisans d'Aristide s'enrichissent par le trafic de drogue d'un pays de plus en plus pauvre.
_______Des catastrophes humaines aux catastrophes naturelles
:Lorsque que les drames ne venaient pas des hommes, ils venaient de la nature, avec une
déforestation accélérée, qui rend le pays vulnérable aux catastrophes naturelles. A l'automne 2008, le pays avait été dévasté par une série de cyclones. L'une des principales villes du pays, Les Gonaïves, au nord de Port-au-Prince, avait été engloutie dans la boue et plus de 1.300 personnes avaient trouvé la mort. Mais comme le dit l'écrivaine haïtienne Yanick Lahens : « C'est une chaîne infinie, même les pauvres ont leurs pauvres. Derrière une misère, se cache toujours une misère plus profonde. » Une chaine qui malheureusement n'est pas près d'être rompue."
-La descente aux enfers de la perle des Antilles


-Haïti: les Etats-Unis décident une aide massive (désintéressée?):
"...Une telle opération est venue souligner la force des relations entre les deux pays. Relations complexes tant elles sont faites de dépendance et de craintes, parfois réciproques. Haïti est depuis plus d'un siècle considérée comme une arrière-cour américaine. Un 51e Etat américain, disent certains, pour mieux dénoncer les agissements intéressés de Washington.

Il y a quelques mois, un diplomate européen en poste à Port-au-Prince, résumait ainsi l'action américaine en Haïti: «Les Etats-Unis ont un objectif, un seul, et qui ne varie pas au fil des années. Ils doivent être capables de prendre le contrôle total de l'île en deux heures en cas de nouvelle déflagration.» A deux heures d'avion de Miami, à moins de mille kilomètres des côtes de Floride, Haïti est une bombe de misère et de violence qui menace la calme prospérité US. Bill Clinton l'avait compris quand il fut confronté à la crise des boat people provoquée par les dizaines de milliers d'Haïtiens qui décidèrent de fuir le chaos des années 1990.Depuis 2004, et l'«exfiltration» du président Jean-Bertrand Aristide largement encouragée par les Etats-Unis et la France, rien d'important ne se fait sans l'appui ou sans l'accord de Washington. La puissance de l'aide américaine l'explique: pas seulement l'aide de l'Etat fédéral mais celles versées par des myriades d'associations, où l'on trouve le pire et le meilleur....
_______________L'autre élément de la relation est bien évidemment l'ingérence américaine dans les affaires d'Haïti. L'île, située dans l'orbite caraïbéenne des États-Unis, n'a jamais eu véritablement les coudées franches, jusqu'à subir une véritable occupation américaine entre 1915 et 1934, puis une succession de dictateurs pro-américains.__En 1994, l'administration Clinton décida de réinstaller Jean-Bertrand Aristide, le président légalement élu en 1990 et destitué un an plus tard par un coup d'Etat militaire. Coup d'Etat largement organisé par la CIA qui fournit tous les moyens au général Cédras pour installer un régime de terreur qui déclencha l'exode des boat people mais aussi le déplacement de 100.000 à 400.000 personnes à l'intérieur du pays.__Le scandale fut tel qu'il explique le retour d'Aristide appuyé par Clinton. Pour ce faire, Washington envoya 20.000 soldats et plusieurs bâtiments de guerre dans le cadre de l'opération «Uphold Democracy». Exilé aux Etats-Unis de 1991 à 1994, Jean-Bertrand Aristide avait su convaincre le puissant Black Caucus et explorer les labyrinthes du parti démocrate pour convaincre le nouveau président de le rétablir au pouvoir à Port-au-Prince. Ce qui fut fait mais sous condition: Aristide a pu achever son mandat jusqu'en 2005 mais n'a pas pu se représenter alors: il laissa le pouvoir à son homme lige de l'époque, René Préval (actuel président), avant de se faire réélire en 2000
.__Au début des années 2000, alors que l'objectif de l'administration Bush était soi-disant la promotion de la démocratie dans le monde, Washington a encore une fois joué un double jeu. Alors que la ligne officielle était le soutien au président Aristide, officiellement élu, un groupuscule conservateur financé par de l'argent public, le
Republican International Institute, se présentant comme la voix officieuse des États-Unis, a tout fait pour le déstabiliser et soutenir ses adversaires, précipitant Haïti dans le chaos après le coup d'État de 2004 (un article du New York Times a très bien raconté cela).__Dans cette situation poisseuse, et en raison du fait qu'Haïti ne peut simplement pas ignorer son voisin encombrant, Aristide a joué le seul jeu que Washington respecte, celui de l'argent. Entre 1997 et 2002, son gouvernement a dépensé près d'un million de dollars par an pour s'assurer les services de lobbyistes chargés de faire entendre sa voix dans les allées du pouvoir américain. Cela n'a rien changé au désastre final de sa présidence et aux révoltes populaires qu'elle provoqua. Contraint à quitter le pouvoir, emmené avec sa famille par une équipe des forces spéciales de l'ambassade américaine à l'aéroport de Port-au-Prince, il s'envola pour l'Afrique du Sud..."
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"Les Américains nous ont toujours fait en Haïti de mauvaises manières. De facto, Haïti est dans l'arrière-cour américaine, sous le même fuseau horaire. Le département d'Etat et la Maison Blanche peuvent suivre en temps réel tout ce qui se passe. Nous, nous avons six heures de décalage... Chaque fois que l'ambassadeur demande des instructions, il arrive après la bataille.
Ensuite, les Etats-Unis ont une phobie: voir débarquer deux millions de boat people en Floride. Donc, quand ils s'occupent d'Haïti, ils ont ce qu'on appelle au département d'Etat un « intérêt pour agir », un intérêt préventif. Ajoutez à cela la grande communauté haïtienne aux Etats-Unis et cette sorte de tutelle de facto qu'ils exercent depuis le début du XXe et l'occupation du pays de 1914 à 1935, dont ils sont par ailleurs repartis en emportant les réserves d'or de la banque haïtienne.
Depuis le tremblement de terre, on le voit bien, ce sont les Etats-Unis qui sont aux commandes. On retombe dans un cercle vicieux, c'est le blanc qui décide. Moi, je crois urgent de mettre sur pied un gouvernement national haïtien qui soit un interlocuteur fort. Et je pense, en particulier, à Michelle Pierre Louis." (Régis Debray)


_________Trois écrivains décryptent Haïti, son histoire et ses cataclysmes-__-Aux Gonaïves, ville de boue et de poussière__-Vivre avec moins de 1 dollar... par semaine!__L'omniprésent fantôme de Jean-Bertrand Aristide__-Le Grand Barnum de la communauté internationale
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Amériques, le génocide oublié
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Dictature Duvalier__-Duvalier et la mafia américaine ou comment Haïti a été et continue d’être pillée… _-_: Comment ils ont ruiné Haïti ___-Après la chute d’Aristide
-Haïti: une transition qui n'en finit pas
-Haïti, le martyre interminable_-___Haïti : avec quel pouvoir politique reconstruire ? | Mediapart______________
-Voltaire et le tremblement de terre de Lisbonne
-Tremblement de terre___-Tectonique des plaques

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