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lundi 31 août 2009

Pouvoir des banques (suite)


L'autre façon d'être une banque

Vers des formes nouvelles de services banquaires?
Pour gérer l'ambivalente monnaie

Décentraliser, diversifier, responsabiliser,inventer, réparer un système défaillant et prédateur
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-[Photo UBS]
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-"Si vous voulez rester esclaves des banquiers et payer le coût de votre propre esclavage, laissez-les continuer à créer de l'argent et contrôler le crédit de la nation" (Sir Josiah Stamp, directeur de la Banque d'Angleterre de 1928 à 1941).


-"Depuis les années 1990, quelques dizaines de banques ont ainsi conquis le vrai pouvoir de régulation monétaire : ce sont elles désormais qui dictent effectivement l’évolution des taux d’intérêt, et non plus les banques centrales. En raison de leur petit nombre d’une part et de leurs profits financiers considérables d’autre part, nous défendons l’idée que ces banques forment aujourd’hui un oligopole particulièrement puissant à l’échelle internationale. Reléguant les banques centrales au second plan, c’est-à-dire les cantonnant à de simples pourvoyeuses de la liquidité dont il a besoin, cet oligopole est le véritable régulateur des marchés monétaires et financiers mondiaux. C’est lui qui est le maître d’ouvrage du mur de l’argent qui se bâtit sous nos yeux.Cet oligopole n’est évidemment soumis ni à un contrôle politique, ni a fortiori à un contrôle démocratique. Tout juste est-il contraint par des règlements prudentiels de portée limitée et élaborés pragmatiquement a posteriori, ou encore par des normes issues d’une autorégulation professionnelle, une fois que les difficultés ou les catastrophes ont été malheureusement constatées..."(Attac)
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Déposséder les banques du pouvoir de faire la monnaie:
"Ne dites pas à Roland Canonica qu'il contribue à changer le monde, il croit qu'il est banquier... Et c'est d'un ton placide, avec un bel accent helvète de Neuchâtel, qu'il explique au journaliste français étonné que la Banque Wir existe depuis 1934, et que, oui, elle gère sa propre monnaie, et que, ma foi, ça marche bien : 60 000 entreprises participent au système. Bien sûr, on a été un peu prudents, on visite tous les clients avant d'ouvrir un compte. Ah, un détail, les wirs ne rapportent pas d'intérêts. Si M. Canonica est très heureux que vous l'appeliez, il n'est pas du genre à vous promettre que sa banque se pliera en quatre pour vous, et qu'il multipliera vos économies par miracle. "On vise le long terme", dit-il. Et, en passant : "C'est une opportunité pour résister à la mondialisation." En fait, la Banque Wir, dont M. Canonica se présente comme "le technicien", est un archétype des systèmes monétaires indépendants que de plus en plus de groupes divers veulent créer à travers le monde : elle crée et gère sa propre monnaie.
Elle est née en Suisse en 1934, au coeur de la crise économique, de l'union d'une quinzaine de petites entreprises : celles-ci voulaient pouvoir s'échanger leurs produits, alors même que, faute d'argent, le commerce était au point mort. L'idée était de s'ouvrir des crédits mutuels au sein d'un Wirschaft Ring ("cercle économique"). Ils seraient comptabilisés en une unité spécifique, le wir, de valeur égale à un franc suisse. Comment cela fonctionne-t-il ? Quand l'entreprise A achète quelque chose à B, A reçoit un crédit et B enregistre le débit correspondant. Le débit en wir sera compensé par les ventes de B à un participant C, ou réglé en francs suisses, avec lesquels la convertibilité est totale. Le système a fait ses preuves, de nombreuses autres entreprises s'y sont agrégées, l'organe de comptabilité a obtenu le statut bancaire. Mais cette banque présente une caractéristique remarquable : elle ne cherche pas à gagner de l'argent, juste à faciliter les transactions entre les participants. "Nous pratiquons un taux de 0,8 %, pour couvrir les frais, dit M. Canonica d'un ton détaché. C'est beaucoup moins qu'ailleurs." Le système prospère : soixante-quinze ans après sa création, il fait circuler chaque année plus de 1,7 milliard de francs suisses (1,1 milliard d'euros), et il est cité en exemple par un des meilleurs spécialistes mondiaux des monnaies complémentaires. "Vous l'aimez cuit comment, votre saumon ? - Euh, comme vous voulez, ça ira." Bernard Lietaer reçoit très gentiment dans son grand appartement de Bruxelles, décoré de masques africains et asiatiques et de centaines de livres. Plutôt que de vous retrouver dans un restaurant, il prépare - avec talent, il faut le dire - le repas, tout en poursuivant la conversation. Son amabilité recouvre une longue et originale expérience de financier. Au sein de la Banque royale de Belgique, il a appartenu à la petite équipe qui a conçu le système monétaire qui a conduit à l'euro ; puis, il est devenu gérant d'un des premiers fonds spéculatifs, le Gaia Fund, au début des années 1990. Il était alors un des plus gros acheteurs "d'options" à la City de Londres. Mais, aussi étrange que cela paraisse, il a quitté ce jeu qui ne répondait pas à ses aspirations, et a commencé à se passionner en intellectuel sur le phénomène monétaire, avant de promouvoir les monnaies complémentaires.

Pour comprendre sa démarche ou celle de la Banque Wir, il faut se rappeler un fait, si contraire au sens commun : la monnaie n'est pas fabriquée par une autorité centrale qui l'adosse à des réserves d'or ou d'argent ; elle est créée par les banques privées à partir des promesses de remboursement des emprunteurs. Et durant les dernières décennies, les banques se sont émancipées de toute autorité - avec les résultats que l'on sait. "L'homogénéisation monétaire, dit M. Lietaer, a incontestablement facilité les échanges à chacune des étapes historiques, le passage à l'Etat-nation, puis la mondialisation. Mais elle a aussi pénalisé la capacité de gérer les problèmes qui se manifestent dans les économies locales. En même temps, la puissance financière a tendance à se concentrer dans un nombre sans cesse plus réduit de centres de décision de plus en plus éloignés du citoyen ." Les conséquences sont néfastes. La monnaie est indifférente à la finalité de l'échange, et se moque de servir à enfouir des déchets toxiques ou à dispenser des cours d'alphabétisation. Elle pousse à des activités susceptibles de détruire l'environnement : "Quand une banque prête 300, il faut lui rendre 600. La croissance est nécessaire pour créer les 300 supplémentaires", explique Bernard Lietaer. La création monétaire étant aux mains des banques, elle conduit à la concentration d'argent d'un côté et à la sous-monétarisation d'une partie de la population mondiale de l'autre : "Cette rareté, écrit un autre spécialiste, Patrick Viveret, oblige les dominés à n'utiliser qu'une faible partie de leur potentiel d'échange et d'activité." Et puis, comme l'expérience actuelle le montre, le système financier est intrinsèquement instable.

La solution de Bernard Lietaer à tous ces maux ? "Il faut de la diversité monétaire, comme il y a de la biodiversité dans une forêt, afin d'amortir les chocs. Les sociétés matriarcales ont toujours eu un système de double monnaie : une pour la communauté dans laquelle on vit, l'autre pour les échanges avec l'extérieur. Il nous faut créer des monnaies complémentaires qui permettent aux communautés de satisfaire leurs besoins d'échange sans dépendre d'une autorité extérieure." Le plus étonnant est que déjà, nombre de monnaies s'émancipent du système dominant : les bons de réduction dans les supermarchés, les "miles" des compagnies aériennes ou les chèques-déjeuner sont si courants qu'on n'y prête plus attention. A une échelle plus impressionnante, les "marchés d'émissions de gaz à effet de serre" mis en place par les Nations unies ou par l'Union européenne afin de parer au changement climatique ne créent rien moins qu'une nouvelle monnaie, la monnaie carbone.

Partout dans le monde, des communautés créent de nouvelles monnaies : les SEL (système d'échange local) permettent aux individus d'échanger leurs compétences, comptées en unités de temps. Les SOL (abréviation de solidaire), expérimentés en France par une dizaine de communes, fonctionnent sur carte à puce comme une carte de fidélité dans un magasin - sauf que c'est tout un réseau de magasins et d'institutions qui participent au système. En Allemagne, plus d'une trentaine de monnaies régionales (appelées regio) ont cours. L'Argentine a passé le pire moment de sa crise financière, entre 1998 et 2002, avec des systèmes privés d'échange qui ont impliqué jusqu'à six millions de personnes. Au Brésil, dans un bidonville de Fortaleza, la Banco Palmas délivre depuis dix ans des microcrédits avec le palma , sa monnaie, qui présente un taux d'intérêt très faible. Elle a ainsi créé 3 200 emplois. D'autres villes brésiliennes commencent à imiter cette démarche.

Le mouvement est stimulé par l'affaissement du système financier capitaliste, et va prendre une autre ampleur grâce aux nouvelles technologies. Les téléphones portables deviennent un moyen de paiement électronique. Une possibilité de plus en plus appréciée en Afrique, où le système bancaire est défaillant : au Ghana, par exemple, TradeNet permet d'effectuer les transactions des matières premières agricoles sur le téléphone.Internet pourrait permettre à des communautés autonomes de créer leur propre monnaie. Un réseau discret prépare cette mutation, dont Jean-François Noubel, cocréateur en son temps du serveur AOL, est un prophète : "La philosophie d'Internet peut s'appliquer à la monnaie comme elle l'a fait avec les médias, où l'on passe d'un système centralisé à un système où chacun est producteur et transformateur d'information. Il y aura ainsi des millions de monnaies, comme il y a maintenant des millions de médias. Il s'agit maintenant de fabriquer les outils d'interopérabilité, les protocoles permettant de mettre en réseau ce qui est fait." Concrètement, des groupes expérimentaux commencent à définir des règles d'échanges et des registres de crédit, avec deux caractéristiques essentielles : les monnaies ne peuvent générer de phénomène spéculatif, et elles peuvent être pondérées par des paramètres définis en commun, comme par exemple la bonne réputation que s'attire chaque membre du réseau. De la même manière qu'Internet repose sur des protocoles tels que HTML (format de données conçu pour représenter les pages Web), le réseau "Metacurrency project" (projet monnaies libres) achève d'élaborer un protocole pour des monnaies libres. Les banquiers qui tiennent les rênes des institutions monétaires laisseront-ils ce bouleversement arriver ? Jean-François Noubel ne s'en inquiète pas : "Le processus est énorme, il est dans l'air, il est en train d'arriver. On va déposséder les banques du pouvoir de faire la monnaie." (Hervé Kempf)

-Small is Beautiful ! - AgoraVox:
"... la Caroline du Nord, le Massachusetts ou encore l’Arizona impriment depuis quelques mois leur propre monnaie afin de favoriser leurs entreprises locales dans un contexte de perte totale de confiance dans le système financier traditionnel ! Cette devise locale - et légale selon la réglementation US ! - permettant aux régions de se protéger partiellement vis-à-vis des aléas et des tourmentes affectant l’économie nationale...Ces Devises régionales, qui ont prospéré à l’époque de la Grande Dépression, permettent souvent de sauver un commerce local à l’agonie, l’expérience actuelle la plus efficace étant conduite en Caroline du Nord où la monnaie régionale, le "Plenty", est acceptée en guise de règlement par de plus en plus de commerces et de professions ! Certaines entreprises locales sembleraient même sur le point de payer leur salaire à leurs employés en Plenty, monnaie dont les billets sont conçus par des artistes locaux et où l’on peut lire la Devise : "In Each Other We Trust"
-L'innovation financière : une malédiction ? - AgoraVox
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-La vérité sur la dette et la création de monnaie:
"...en 1945 le Général de Gaulle nationalise la Banque de France, le crédit est sous tutelle publique, l'’État a recouvré son autorité sur la monnaie, ce qui ne durera pas. L'article 25 de la loi du 3 janvier 1973 de Pompidou et Giscard d'Estaing "interdit au Trésor public d’être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France". La France ne peut plus emprunter à sa banque centrale sans intérêt ! Elle doit désormais emprunter sur les marchés financiers avec intérêt : fini l’ordre des salariés et des entrepreneurs, finies les Trente Glorieuses, la monnaie se renforce, le chômage augmente, les salaires stagnent, la dette explose...
Un exemple, "l'emprunt Giscard" : pour 6 milliards de francs empruntés en 1973, l'Etat a finalement remboursé au total 80 milliards de francs en 1988 !!
Comment voulez-vous que les finances de la nation se portent bien avec un tel déséquilibre entre le montant emprunté et le montant remboursé ?
La raison évoquée de limiter l'inflation n'est pas valable (puisque ce qu'on interdit aux Etats, on le permet aux banques commerciales qui, par leur nombre, sont beaucoup plus créatrices de monnaie
..."

-Le gang des banquiers d'UBS
-Marchés boursiers: l'insoutenable victoire des banques:
"...paradoxalement, le secteur bancaire sort considérablement renforcé. Les plus grandes banques savent désormais de manière certaine qu’elles ont droit à une assurance-vie accordée gracieusement par les Etats, du fait du risque systémique qu’elles font porter sur l’économie mondiale. Quoi qu’elles fassent, elles seront toujours soutenues : changement de règles comptables pour éviter des dépréciations, prêts, prise de participation au capital, garantie de plusieurs centaines de milliards d’euros sur leur bilan dans les pays européens, rachat de créances pourries…
Tout a été fait pour les sauver de leurs excès, de leurs mauvais modèles, de leurs règles prudentielles qui n’avaient de prudentielles que le nom. « Le laisser faire a conduit au laisser aller » pour citer Dominique de Villepin. Mais le plus incroyable est l’absence totale de remise en cause de ce système qui a failli mener le monde dans une nouvelle Dépression. Les cours de bourse ne font que sanctionner cet état de fait : les banques ont triomphé sur toute la ligne
."
-En panne d'arguments? Les banques passent à la com'
-Une lueur de changement dans les transactions?:-Le gendarme de la City se prononce pour la taxe Tobin
-Pour lutter contre la spéculation : un pôle financier public
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- Aide aux banques: qui va payer ?
-Comment (peut-on) être banquier ?
- Redoutable pouvoir des banques
-Métastases financières

dimanche 30 août 2009

Niches (fiscales) confortables


Les multinationales adorent les paradis fiscaux

"Les paradis fiscaux ne sont pas une aberration de l’économie mondiale. Les multinationales les utilisent largement pour échapper aux impôts"

[Si vous êtes intéressés:Délocalisation offshore:impôts, fiscalité,etc...]
-Un début de menaces verbales , mais pour quels effets?
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La Suisse n'est plus tendance ? Fraudeurs fiscaux, d'autres endroits vous tendent les bras ! - AgoraVox
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--"Christine Lagarde
dénonçait, mercredi 7 mai, les niches fiscales des particuliers. Pas un mot en revanche de notre ministre sur les cachotteries des grandes entreprises, dénoncées pourtant dans un rapport de Bercy, en juin dernier. Lequel fut prestement enterré."
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-Niches fiscales des multinationales :rapport explosif enterré:
"En mai 2008, Bakchich révélait l’existence d’un rapport enterré de l’Insee qui dénonçait l’ampleur des niches fiscales dont bénéficient les multinationales. Un an après, rien n’a changé.L’abandon des députés UMP Gilles Carrez et Pierre Méhaignerie de vouloir toiletter les niches fiscales dans le projet de budget pour 2009 a au moins un mérite. Tirer les conséquences de ce que nous avions révélé il y a un an de cela : des multinationales, qui par un jeu de prix de transferts entre la maison mère et leurs filiales, échappaient à l’impôt. Au moyen de prêts dont les forts taux d’intérêts sont déductibles du bénéfice imposable des holdings de tête. Une perte estimée à 120 millions d’euros par an pour l’Etat français et de 600 millions depuis 2003.
Une enquête de la Tribune en juin dernier à ce sujet nourrissait des espoirs de mettre fin à cette impunité fiscale. « Depuis le mois de février, les discussions ont repris entre le fisc et les organisations professionnelles. Un texte est même prêt. L’entrée en vigueur de cette obligation est prévue pour le 1er janvier 2010. » Osant même avouer que « dans l’entourage d’Eric Woerth […] certains fassent le forcing pour imposer cette réforme après une tentative avortée en 2005 ». Le vent a vite tourné puisque nos chers députés UMP ont été priés de retirer leur projet de suppression des niches fiscales. Au grand bonheur des multinationales...
« Les niches fiscales dans le collimateur de Bercy ». Le mercredi 7 mai, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, dénonçait haut et fort « un certain nombre d’abus » dont se rendent coupables les particuliers largement exonérés de l’impôt sur le revenu. Pour un gouvernement condamné à faire les fonds de tiroir, cette lutte contre les « niches » fiscales devrait permettre de trouver le milliard et demi nécessaire au financement du RSA (Revenu de solidarité active). Haro donc sur le contribuable !
Seule surprise, la ministre des Finances a omis de parler des « niches » fiscales qui concernent les grosses entreprises. La manip est simple : les groupes puissants choisissent des paradis fiscaux, type Suisse, Hollande ou Luxembourg, pour établir leur siège social. La maison mère prête de l’argent à des filiales installées par exemple en France. Lesquelles filiales paient de gros taux d’intérêt au holding de tête. Et comme ces intérêts sont déductibles du bénéfice imposable, le fisc français se retrouve grugé d’autant.
Comme d’autres pays, la France a mis en place, depuis le premier janvier 2007, un dispositif pour lutter contre de tels dérapages. Encore faut-il le faire connaitre aux services fiscaux chargés d’appliquer la loi.Conscients de ces enjeux, les têtes d’œuf de Bercy et de l’INSEE organisaient le 20 juin 2007, un symposium au ministère des Finances sur ce sujet. Madame Lagarde ne peut pas prétendre ignorer ces pratiques, comme elle l’a fait pourtant face à la journaliste de Bakchich durant sa conférence de presse.
Ce jour là, un exposé fort complet, se basant sur des chiffres datant de 2003, évalue à 120 millions d’euros par an, l’évasion fiscale des grands groupes français ou étrangers basés à l’extérieur de l’hexagone et exerçant une partie de leurs activités en France. Soit six cent millions d’euros depuis cinq ans, et sans doute bien d’avantage. Les services du Trésor et de l’Insee ont en effet travaillé avec les données fournies par les grandes entreprises et pas forcément fiables. Et ils sont connus pour leur extrême prudence. Edifiant !..."
-Recul sur les niches fiscales: «Il y a eu des pressions»
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-Déclaration de Berne - Les astuces des multinationales
- Les multinationales adorent les paradis fiscaux
-Fraude fiscale: «Une toute petite partie de l'iceberg»
-Les multinationales et l’art d’échapper à l’impôt
-La drôle de guerre de Madame Lagarde contre les niches fiscales
-Bain caribéen pour le secret bancaire
- Qui va au(x) paradis (fiscaux)?

samedi 29 août 2009

L'humanitaire en question


Quand l'humanitaire s'égare ou se fait instrumentaliser, victime des logiques d'Etat

-Une vertu souvent peu vertueuse-

-" Le droit d’ingérence, dépourvu d’existence légale, demeure un concept flou quant aux acteurs susceptibles d’y recourir (Etats, organisations internationales et ONG)."

-"L’humanitaire ne fait que soulager, dans le meilleur des cas, très momentanément la détresse humaine. Il ne s’attaque pour ainsi dire jamais aux racines des malheurs des hommes c’est-à-dire au capitalisme et son fonctionnement. Dans ce sens, il est non seulement au service de l’ordre établi, mais il le perpétue. L’humanitaire dans un système inhumain, est donc une illusion pour ne pas dire une absurdité."

-"Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et autres associations liées à l’humanitaire, quelle que soit par ailleurs la sincérité de leurs militants, ne peuvent que se mouvoir dans les limites de ce cadre général tracées par les intérêts économiques des classes dominantes"
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L'humanitaire au service du capital
« Nous avons les meilleures relations avec les ONG, qui sont un tel multiplicateur de forces pour nous, une part si importante de notre équipe de combat. (...) Car [nous] sommes tous engagés vers le même but singulier, aider l’humanité, aider chaque homme et chaque femme dans le monde qui est dans le besoin, qui a faim (...), donner à tous la possibilité de rêver à un avenir qui sera plus radieux » disait Collin Powell (1). « Les Etats démocratiques doivent se mobiliser et exiger ce qui n’est au fond que le début de la démocratie, que des personnels humanitaires d’autres pays puissent porter secours à des populations innocentes » renchérit Nicolas Sarkozy à l’occasion du 90ème anniversaire de la Croix Rouge (2).« Ensemble pour l’humanité : 90 ans et au-delà » lui répond Juan Manuel Suárez del Toro son président. Bernard Kouchner, lui, parle de « l’idéologie occidentale des droits de l’homme » et du « droit d’ingérence humanitaire ». Mais ce droit n’est, en fait, que le droit du plus fort c’est-à-dire du non droit. L’humanitaire, quels que soient sa forme et ses acteurs, sert de prétexte et de couverture à des visées hégémoniques et impérialistes. Il est strictement au service du capital et des classes dominantes.
Hier on envoyait les missionnaires pour civiliser les « sauvages » en leur apportant lumière et civilisation, aujourd’hui on « s’ingère humainement » pour leur offrir démocratie et liberté. L’humanitaire a remplacé le missionnaire.
Un homme comme Bernard Kouchner, principal promoteur du « droit d’ingérence humanitaire », symbolise très bien l’hypocrisie, le cynisme et la violence de cette vision « humanitaire » du monde utilisée par les pays riches. Il est l’incarnation vivante de ce que représente ce droit. Payé par Total, il rédige un rapport niant, si l’on peut dire, totalement le travail forcé et les traitements inhumains infligés par le groupe pétrolier aux ouvriers birmans. Kouchner l’humanitaire, était également un farouche partisan de la guerre contre l’Irak (3) dont le nombre de victimes dépasse le million de morts. Kouchner, après Bush et Sarkozy, préparait aussi le monde au « pire » c’est-à-dire à « la guerre » contre, cette fois, l’Iran (4).Son amour pour l’humanitaire n’a d’égal que son admiration pour la guerre !
L’humanitaire et la guerre sont deux moyens contradictoires mais complémentaires avec un seul objectif :servir les intérêts des classes dominantes. Il est difficile de distinguer clairement l’humanitaire du militaire tellement les deux instruments sont imbriqués l’un dans l’autre. On fait la guerre au nom de l’humanitaire et on invoque l’humanitaire pour justifier la guerre. Mais l’humanitaire reste souvent subordonné au militaire comme le rappelle Stéphane Sisco membre du Conseil d’administration de Médecins du Monde, « La coopération s’opère à tous les niveaux sous la conduite du Pentagone, seul capable d’assurer le rôle de leader. Comme nous le voyons en Irak les forces armées fixent l’ordre des priorités et maîtrisent le déroulement de la mission, du pré-déploiement à la sortie de crise (exit strategy). Le contrôle est laissé au militaire, subordonnant l’acteur civil et humanitaire »(5). Idem en Afghanistan : « La militarisation de l’aide, les ERP [Equipes de reconstruction provinciales dirigées par l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord, OTAN], le trop grand nombre de services de sécurité et la confusion croissante des rôles ont contribué à réduire l’espace humanitaire et à véhiculer de fausses images sur le travail des ONG », confiait à l’IRIN (un département d’informations humanitaires des Nations Unies) Ashley Jackson, chercheur pour Oxfam à Kaboul(6).
Les mêmes raisons engendrent les mêmes comportements au-delà des convictions des militants.C’est au nom du droit d’ingérence humanitaire que les pays occidentaux (États-Unis, Union Européenne notamment) souvent avec l’aide de l’OTAN, leur bras armé, que le Kurdistan irakien fut envahi en 1991, l’opération « Restore hope » menée en Somalie en 1992, ou l’envoi d’une force d’intervention de l’OTAN au Kosovo en 1999 etc. Quant à l’opération « Turquoise » menée par la France au Rwanda en 1994, toujours au nom de l’humanitaire, après le génocide des Tutsi auquel elle a largement contribué , voilà ce qu’en pensent les prêtres catholiques rescapés de cette tragédie humaine : « Les responsables du génocide sont les soldats et les partis politiques du MRND et de la CDR, à tous les échelons, mais plus particulièrement aux échelons supérieurs, appuyés par la France qui a entraîné leurs milices. C’est pourquoi nous considérons que l’intervention soi-disant humanitaire de la France est une entreprise cynique » (7).Ainsi le droit d’ingérence, sous des prétextes humanitaires, permet et facilite l’ingérence impérialiste. Le droit d’ingérence est le droit du plus fort. Seuls les États les plus puissants peuvent intervenir et envahir militairement les pays pauvres sous la bannière humanitaire pour mieux piller leurs richesses. C’est pourquoi les pays du sud ont rejeté ce « droit d’intervention humanitaire » à la Havane en 2000 lors du sommet du G77(qui représente tout de même environ les 4/5 de l’humanité).
Les pays capitalistes ne font appel au droit d’ingérence humanitaire que pour mieux servir leurs propres intérêts. Dans le cas contraire, ils invoquent le droit de non ingérence dans les affaires intérieures des États souverains. Cette vision sélective de l’humanitaire conduit ces États à intervenir massivement par exemple au Kosovo et à rester passif face aux massacres perpétrés par l’armée israélienne à Gaza. C’est de l’humanitaire à géographie variable !
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et autres associations liées à l’humanitaire, quelle que soit par ailleurs la sincérité de leurs militants, ne peuvent que se mouvoir dans les limites de ce cadre général tracées par les intérêts économiques des classes dominantes. La plupart des ONG humanitaires dépendent financièrement de leurs propres États, des instances européennes comme le service d’aide humanitaire de la Commission Européenne (DG-ECHO) ou des institutions internationales. Ainsi par exemple Save the Children USA, International Rescue Committee et World Vision ont reçu un financement de 2 millions de dollars de USAID, l’agence américaine pour la coopération et l’aide humanitaire, pour « soulager » la population irakienne(8). C’est le cas également des ONG humanitaires scandinaves, belges et hollandaises où la part du financement public reste prédominante (9). Et même lorsque ces ONG et associations sont financées essentiellement par des fonds privés comme c’est le cas de Médecins sans frontières(MSF), Médecins du monde(MDM), La Fédération internationale de la Croix-Rouge, Action contre la Faim etc(10), l’influence de l’État reste déterminante ne serait-ce qu’à travers les très généreuses exonérations d’impôts liées aux dons.
La collecte de dons justement (fundraising comme elles disent) devient, de plus plus, l’une des priorités pour ne pas dire la priorité des grandes associations humanitaires. Pour atteindre cet objectif vital pour elles, les ONG humanitaires recourent aux mêmes techniques de gestion que les entreprises privées. Pour séduire le généreux donateur, toute une panoplie de techniques est utilisée : marketing (humanitaire ?), publicité commerciale, recours aux agences spécialisées dans les techniques de communication, alliance avec les fondations comme celle du milliardaire bill Gates par exemple et surtout avec les multinationales (on dit partenariat cela fait plus moderne) qui à leur tour instrumentalisent ces associations pour améliorer leur image de marque etc.(11).
Mais au-delà de ces techniques, ce qui est frappant c’est cette marchandisation croissante et sans scrupules des principes même de l’humanitaire. Celui-ci, là encore, se révèle un outil intéressant au service de l’entreprise et, partant, du capital.
Les entreprises se servent volontiers également de la loi du 4 février 1995 sur le congé de solidarité internationale qui leur permet d’envoyer leurs salariés en mission humanitaire à l’étranger. Le Crédit Agricole, le Club Méditerranée, Price Waterhouse Coopers, IBM, L’Oréal, SFR, Areva etc.(12) ont bien compris l’intérêt de cette opération de relations publiques qui leur permet, à peu de frais, de redorer leur blason bien terni par des scandales sociaux, écologiques et éthiques liés à leur recherche effrénée du profit.
L’humanitaire et les grands médias notamment la télévision entretiennent des relations intimes, voire incestueuses. La misère du monde est régulièrement projetée sur la scène médiatique non pas pour expliquer aux citoyens ses véritables causes et dénoncer ses responsables, pourtant connus, mais pour augmenter l’audimat en exploitant les bons sentiments altruistes du téléspectateur. La souffrance humaine se transforme en spectacle. Artistes, sportifs de haut niveau, hommes et femmes politiques etc. sont ainsi utilisés dans ce show médiatique. Le malheur des autres, l’émotion, la détresse humaine attirent le public et, par conséquent, augmentent les recettes publicitaires des chaînes télévisuelles...." (M.B.)
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-Mission civilisatrice, ingérence humanitaire, par Rony Brauman
-L'imposture humanitaire - AgoraVox l
-Une morale très politique
-Les humanitaires victimes des logiques d'Etat
-Droit d’ingérence, où en est-on ?
-Aide humanitaire d'urgence, critique humanitarisme charité
-L'humanitaire démasqué - AgoraVox
-"Aujourd'hui, la France n'a pas de stratégie humanitaire d'état à l'américaine."
-AFGHANISTAN: L’humanitaire à haut risque
-Irak : le coût humain d’un conflit et la mobilisation humanitaire
-Le Tibet pris dans le rêve de l’autre

vendredi 28 août 2009

Denis Robert: dernières nouvelles

Actualité d'un combat

-"La crise financière internationale fait que le citoyen se sent en droit de demander des comptes à ceux qui ont profité d'un système et entraîné des catastrophes financières et humaines pour des millions d'individus."(D.R.)

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"Le journaliste doit toujours être un contre-pouvoir. Un poil à gratter. Je ne vais pas déroger à la règle."(D.R.)
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-Denis Robert: «Le procès Clearstream sera celui d'une époque»:
"...BibliObs. – Depuis le début de la crise financière, on assiste à une déferlante de déclarations de guerre aux paradis fiscaux. Qu'en pensez-vous ? .
-Denis Robert. – Tout le monde joue en mode «transparency». Les paradis fiscaux sont effectivement au cœur du cyclone. Gouvernements et banquiers cherchent des parades pour sortir des «bad lists» de l'OCDE. Il y aurait beaucoup à dire sur les critères et la qualité de ces listes-.BibliObs. – Par exemple ?
D. Robert. Elles ne sont pas assez radicales. Elles sont faites sous la pression des Etats. Les critères de sélection sont discutables. Les informations fournies par les paradis fiscaux restent floues et peu vérifiables. Tout se fait dans la précipitation. Mais c'est un début. Et on voit bien que contrairement à ce qu'on nous faisait croire - souvenez-vous de Jospin qui avouait sa démission face aux puissances économiques - les politiques peuvent avoir un réel pouvoir quand ils sont acculés. On l'a vu avec Obama qui a poussé UBS à lever une partie de son secret bancaire. Et à un degré moindre avec Nicolas Sarkozy amenant Jean-Claude Junker à trouver des accords de divulgation avec le Luxembourg. C'est embryonnaire compte-tenu de l'ampleur des dégâts. Et si l'opinion et les médias ne maintiennent pas une pression, le soufflé va retomber.-BibliObs. – Et que vous a inspiré le dernier G20 ?
D. Robert
. Les annonces du G20 sont évidemment sans rapport avec la réalité des marchés financiers. Il rentre dans un simple canton suisse deux fois plus d'argent que dans les quatre pays - Costa Rica, Uruguay, Malaisie et Philippines - cités par le sommet comme étant les plus noirs de la planète ! Seulement, même si elles sont critiquées, les annonces du G20 passent. Elles participent du bruit ambiant. On est en situation de crise. Les risques de débordement et de blocage existent. Les politiques redoutent le chaos social. Ils n'ont de cesse de prendre le pouls des citoyens, de construire des messages ad hoc et la stratégie pour les faire passer. On joue la montre et l'isolement des différents lieux où des luttes pourraient dégénérer. On en revient à la maîtrise de la communication....-BibliObs. – Depuis 1996, date à laquelle vous fédériez des juges européens autour de «L'appel de Genève» contre les paradis fiscaux, vous mettez en garde contre la circulation de cet argent invisible. Pensez-vous que la crise vous donne raison ?
D. Robert
. Je ne vais pas m'en réjouir. Une crise liée à la criminalité financière était inévitable. Nous sommes nombreux à avoir essayé d'alerter les politiques à ce propos. Bernard Bertossa, Edmondo Bruti Liberati, Gherardo Colombo, Benoît Dejemeppe, Baltasar Garzon Real, Carlos Jimenez Villarejo et Renaud Van Ruymbeke ne sont pas des naïfs, ni des utopistes. Ce sont des magistrats anticorruption qui, par cet appel, demandaient la création d'un espace judiciaire européen pour lutter contre les malversations financières.-BibliObs. – Comment expliquez-vous que des mesures aient tant de mal à se mettre en place ?
D. Robert
. Il y a un problème d'information. Plus le public sera informé sur ce qu'on peut appeler «les circuits de l'argent invisible», plus la pression se fera sur les politiques et donc sur les banquiers. Les politiques ont laissé les banquiers s'auto-contrôler depuis tant d'années. J'avais posé la question en 2002 à Jean-Claude Trichet alors gouverneur de la Banque de France du contrôle exercé sur les filiales des banques françaises à Vanuatu ou à Caïman. M'inspirant des listings de comptes de Clearstream, je lui avais livré des faits précis. Il avait répondu que ces filiales de banques françaises dépendaient des autorités judiciaires des pays en question. Le patron de la COB avait confirmé. L'hypocrisie du système est résumée dans ces réponses. Aujourd'hui elles ne pourraient plus passer. Donc, la situation évolue positivement. La crise financière internationale fait que le citoyen se sent en droit de demander des comptes à ceux qui ont profité d'un système et entraîné des catastrophes financières et humaines pour des millions d'individus.
BibliObs. –
Qu'est-ce qui pourrait évoluer, concrètement ?
D. Robert
. Par exemple, le rôle des chambres de compensation internationales dans la régulation des marchés financiers. D'ailleurs Barack Obama est en train de créer une chambre de compensation internationale pour les banques américaines qui va concurrencer les deux chambres de compensation européennes existantes : Clearstream et Euroclear. Ces deux multinationales ont le monopole du marché obligataire. Elles sont présentes sur toute la planète et dans tous les paradis fiscaux. Elles voient passer chaque année près de 150 trillions d'euros (150 000 000 000 000 000 000 €). Contrôler les flux de ces monstres financiers permet d'avoir un contrôle sur l'évasion fiscale...."

-Denis Robert - AgoraVox
-Liberté dInformer

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- Journaliste ou journaleux ?

jeudi 27 août 2009

Avenir en XXL ?


Un problème sanitaire majeur à l'échelle de la planète








-"Globésité" et espérance de vie en question
-
Un phénomène dangereusement croissant , mais inégalement réparti
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-"Chaque année, les contribuables américains paient 147 milliards de dollars (103 milliards d’euros) pour le traitement des maladies liées à l’obésité. Soit deux fois plus qu’il y a dix ans. Et deux fois plus que pour la lutte contre le cancer."

-"Alors que 800 millions de personnes souffrent de la faim, 300 millions sont reconnues obèses, dont près de la moitié dans les pays dits “en développement”. En vingt ans, le nombre des obèses a doublé dans le monde. Et le chiffre de cette suralimentation contagieuse ne cesse de grossir."
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-L'épidémie suralimentaire:

"Le modèle alimentaire occidental constitue un problème de santé publique croissant, au point d’inverser la progression de l’espérance de vie. Et l’exportation de ce modèle dans les pays en développement laisse craindre une généralisation du phénomène.

Les habitudes alimentaires ont considérablement évolué depuis le milieu du XXe siècle. Comme cela est observé dans le rapport commun de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de 2002 intitulé « Alimentation, nutrition et prévention des maladies chroniques », une alimentation riche en graisses et en aliments à forte densité énergétique, centrée autour d’aliments d’origine animale, a remplacé l’alimentation traditionnelle principalement basée sur des aliments d’origine végétale. Cela a joué un rôle clé dans l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques évitables d’origine nutritionnelle : obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires, cancers et ostéoporose principalement. Ces maladies ne sont plus limitées aux « pays riches », et constituent désormais un problème de santé publique croissant dans les pays en développement, où le modèle alimentaire « occidental » se propage et remplace souvent les alimentations traditionnelles.
Entre 1950 et aujourd’hui, soit en à peine deux générations, l’alimentation des pays occidentaux s’est complètement transformée. Ce phénomène peut s’expliquer par les profondes mutations économiques et sociales ayant conduit à un bouleversement des modes de vie au cours de cette même période.
Cette modification des modes alimentaires s’est traduite par une forte augmentation de la consommation de viande, produits laitiers (yaourts, fromages), produits à index glycémique élevé (boissons sucrées, desserts lactés sucrés et glaces notamment), produits gras (dont fromage et charcuterie) ainsi que par une forte diminution de la consommation de pain, céréales, pommes de terre, légumes secs.
Ces évolutions ont conduit à une alimentation trop riche en lipides, trop riche en sucres rapides et trop pauvre en fibres. L’effet néfaste de l’excès quantitatif de graisses est renforcé par le déséquilibre qualitatif des graisses consommées (excès d’acides gras saturés du fait de la consommation excessive de produits animaux, déséquilibre entre oméga6 et oméga3). Concernant les protéines, la tendance est également à l’excès et au déséquilibre qualitatif : près de 80% des protéines consommées sont désormais d’origine animale, quand elles étaient à 80% d’origine végétale il y a un siècle.
Alors que la sous-alimentation et les carences en vitamines et minéraux, répandus dans les pays pauvres, affectent la santé générale dès l’enfance, la suralimentation a une incidence à long terme sur la santé, engendrant des maladies cardiaques, des cancers ou d’autres maladies chroniques qui apparaissent généralement à partir de la quarantaine et au-delà.
Des chercheurs de l’université de Harvard ont montré que la suralimentation était responsable d’au moins autant de cas de maladies de par le monde que la sous-alimentation, et que plus de la moitié du fardeau mondial des maladies résultait d’une mauvaise alimentation – par manque, par excès ou par déséquilibre.
Une alimentation pléthorique et trop riche en graisses favorise l’obésité, laquelle augmente considérablement le risque de maladies cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux, de diabète, et de divers cancers. Ces quatre pathologies sont responsables de plus de la moitié de l’ensemble des décès dans les pays riches. En outre, avec l’augmentation de l’obésité juvénile, il est à prévoir que ces « maladies d’adultes » toucheront à l’avenir de plus en plus de jeunes.
L’incidence des cancers a augmenté de 63% en France entre 1980 et 2000. C’est aujourd’hui la première cause de mortalité en Europe. D’après le Fonds mondial de recherche contre le cancer, un simple changement d’habitudes alimentaires permettrait de prévenir 30 à 40% des cas de cancers dans le monde, soit autant, voire plus que l’arrêt du tabac.
Le nombre de diabétiques dans le monde a quintuplé entre 1985 et 1998, passant de 30 millions à 143 millions. Le diabète est désormais la troisième cause de mortalité en Europe. Sans compter qu’il est également indirectement responsable de nombreux autres décès. La Fédération internationale du diabète estime que le nombre de diabétiques doublera d’ici 2025 pour atteindre les 300 millions. D’autre part, le diabète de type 2 touche de plus en plus de jeunes adultes et d’enfants (20% en 1998 contre seulement 4% au début des années 1990).
Les maladies cardio-vasculaires restent la deuxième cause de décès en Europe, bien que les progrès de la médecine aient permis de diminuer la mortalité liée à ces maladies au cours des dernières décennies. Cependant, du fait de l’augmentation de la prévalence de quatre facteurs de risque de ces maladies (obésité, tabagisme féminin, sédentarité et pollution de l’air), on peut craindre un retournement de cette tendance et une évolution à la hausse de la mortalité par maladies cardio-vasculaires dans les années à venir.
Des chercheurs des universités de Harvard et de Washington ont conduit en 2008 une étude qui a mis en évidence une baisse de l’espérance de vie des femmes dans certains comtés défavorisés des Etats-Unis, ceux où l’on trouve le plus de décès entraînés par des maladies chroniques liées au tabac, à l’obésité, au surpoids et à l’hypertension artérielle. Le docteur Murray qui a mené cette étude a déclaré : « Dans la mesure où les modes de vie malsains mis en cause dans cette étude se répandent partout, on peut craindre que la baisse de la longévité ne se généralise. Je pense que c’est un signe avant-coureur. Cette situation ne restera pas un cas isolé limité à ces comtés. Les coûts de santé publique ne cessent d’augmenter, de même que la prévalence de l’obésité et de l’obésité infantile. »
Une autre étude menée par des chercheurs américains en 2005 avait déjà conclu que l’augmentation continuelle de l’espérance de vie observée depuis deux siècles aux Etats-Unis allait prochainement se renverser à cause de l’épidémie d’obésité. Etant donnée la diffusion du mode d’alimentation américain à l’ensemble de la planète, on peut craindre que ce phénomène ne se généralise. En effet, la « Framingham heart study » a montré qu’un simple surpoids faisait perdre en moyenne trois ans de vie, alors que l’obésité faisait perdre en moyenne entre sept ans de vie pour un non-fumeur et quatorze ans pour un fumeur.
Dans son livre paru en 2006 intitulé Espérance de vie, la fin des illusions, le scientifique CLAUDE AUBERT prédit lui aussi une baisse de l’espérance de vie dans les décennies à venir du fait d’une convergence de facteurs dont les principaux seraient l’obésité et la pollution. Selon lui, « si nos habitudes alimentaires n’ont pas empêché l’espérance de vie d’augmenter, c’est parce qu’elles sont trop récentes pour avoir déjà un impact notable [...] la première génération à n’avoir connu depuis l’enfance qu’une alimentation proche de celle d’aujourd’hui, trop riche en viande, en matières grasses et en glucides rapides, est née à la fin des années 1960. Elle a aujourd’hui moins de cinquante ans et est donc trop jeune pour que les principaux effets de ces déséquilibres se traduisent déjà par une augmentation sensible de la mortalité. »
Une étude a montré que la viande, les produits laitiers, les oeufs et les graisses animales représentaient 77% des apports en acides gras saturés et 100% des apports en cholestérol dans les pays développés.
Afin d’évaluer le coût des soins médicaux directement imputables à la consommation de viande, le Physicians Committee for Responsible Medicine (comité de médecins pour une médecine responsable) a comparé la prévalence de l’hypertension, des maladies cardiaques, des cancers, du diabète, des calculs biliaires, et de l’obésité chez les végétariens et chez les non-végétariens aux Etats-Unis. Il ressort de cette étude qu’entre 29 et 61 milliards de dollars annuels sont directement attribuables à la consommation de viande.
Il est donc possible de prévenir ou de guérir les maladies liées à la suralimentation par un changement d’habitudes alimentaires et de mode de vie. Ainsi, 30 à 40% des cancers, 17 à 22% des maladies cardio-vasculaires et 24 à 66% des cas de diabète pourraient être évités par une forte réduction de la consommation d’acides gras saturés – présents principalement dans la viande, les oeufs et les produits laitiers – et par une augmentation de l’activité physique.
Une recherche menée par l’école de santé publique de Harvard a montré que les alimentations traditionnelles ayant été associées à une meilleure espérance de vie et à un taux réduit de maladies d’origine nutritionnelle étaient des alimentations basées principalement sur des aliments végétaux (riches en céréales complètes, légumes, fruits et noix), et de très faibles quantités – voire une absence – de produits animaux.

L’exemple de la Corée du Sud corrobore ce constat. La population de ce pays a conservé son alimentation traditionnelle largement végétale, en dépit des évolutions socio-économiques de ces dernières années. Des études ont montré que les maladies chroniques et l’obésité étaient moins fréquents en Corée du Sud que dans les autres pays industrialisés ayant un développement économique comparable.
La suralimentation est donc une forme de malnutrition dont les conséquences en termes de santé publique sont aussi lourdes qu’une autre forme de malnutrition, la sous-alimentation. Si près de 900 millions de personnes dans le monde souffrent encore de la faim, le nombre de personnes en surpoids dépasse désormais 1 milliard de personnes et ne cesse de s’accroître, y compris dans les pays en développement.
Si rien n’est fait pour enrayer cette véritable épidémie et son cortège de maladies chroniques, un renversement à la baisse des tendances de longévité est à prévoir, sans parler de l’accroissement de la morbidité liée à ces maladies.
Les professionnels de santé peuvent et doivent agir au quotidien contre ce phénomène, en divulguant le plus largement possible des conseils hygiéno-diététiques adaptés : promotion d’une alimentation principalement végétale, augmentation de l’activité physique, arrêt du tabac, etc.
"(Le Courrier.CH)

-Obama engage la «révolution des assiettes» contre l'obésité:
"...Selon une étude publiée par l'institut RTI International, le coût des maladies liées à l'obésité a doublé en dix ans, pour atteindre aujourd'hui le chiffre astronomique de 147 milliards de dollars par an, loin devant les 93 milliards de dépenses liées au cancer. Dans le même temps, le taux d'obésité a augmenté de 37 %, représentant 9,1 % des dépenses de santé. «L'obésité est l'unique vraie raison de l'augmentation des dépenses, explique Eric Finkelstein, le principal responsable de l'étude. Si on veut vraiment réduire les dollars de la santé, il faut mettre les gens au régime et au sport, les amener à mener une vie plus saine. Sinon, quelqu'un va bien devoir payer pour toutes ces maladies liées à l'excès de poids.»


L'ancien président Bill Clinton, dont la fondation est très engagée sur ce dossier, tire lui aussi la sonnette d'alarme, insistant sur la menace qui pèse sur les enfants gavés de boissons sucrées et de glaces Xtralarges : l'obésité infantile est «le problème de santé publique numéro un et fait courir le risque à la plus jeune génération d'être la première de l'histoire à avoir une plus faible espérance de vie que ses parents». Un diagnostic que partage la ministre de la Santé : «Si, dans le pays, il y avait une épidémie d'enfants attrapant le cancer au taux où ils contractent le diabète actuellement, je crois que les gens se mobiliseraient pour exiger une solution d'ordre national.»

-L’obésité, un poids lourd pour la nation
-Mortelle obésité aux Etats-Unis
-Obésité : vers une épidémie mondiale ?
-Espérance de vie: la fin des illusions?
-L'obésité en France : les écarts entre catégories sociales s'accroissent
-L'Angleterre, le corps obèse de l'Europe | Mediapart
-La nourriture, entre nécessité et excès

mercredi 26 août 2009

Croissance en trompe-l'oeil?


Faux remèdes

-"Bonne nouvelle : la hausse de la bourse est sans doute le prélude à une reprise économique. Mauvaise nouvelle : tous les déséquilibres passés restent en place, notamment l’exploitation de l’économie réelle par la finance, qui vient de gagner une assurance-vie sans aucune contrepartie réelle pour l’instant."(Marianne)
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-" Nos dirigeants n’ont-ils donc rien appris : Pourquoi s’acharnent-ils effectivement à créer une nouvelle bulle afin de lutter contre les dégâts causés par l’implosion de la précédente ? Les mesures Keynésiennes et autres stimuli fiscaux donnent certes l’illusion d’une reprise économique qui n’est en réalité qu’une nouvelle bulle entièrement tributaire des liquidités généreusement prodiguées par nos Etats. Ces stimuli ne règlent en rien les problèmes structurels de nos économies dont la résolution est pourtant indispensable à toute reprise durable de la croissance. Les liquidités ne sont pas le remède à nos maux, tout au plus un puissant anesthésiant permettant à nos dirigeants de gagner - encore et toujours - un peu plus de temps !" (M.Santi)

-"...Cette communication autour des banquiers permet d'atténuer la grossièreté de la situation en cette rentrée. D'un côté des traders et des banques d'investissement qui se goinfrent, un CAC40 qui retrouve des couleurs. Et de l'autre, un chômage qui explose. Le contraste est saisissant et sans le discours vengeur sur l'injustice des temps et les dérives de la finance, ledit équilibre serait impossible. En bête politique, le Président sait qu'il marche sur des œufs. La réforme de la taxe professionnelle et l'instauration d'une contribution énergie climat qui s'annoncent dès le projet de loi de finances 2010 n'arrangent pas le tableau des prochains mois et ce n'est pas la perspective d'un grand emprunt (Alain Juppé et Michel Rocard se lancent dans leur travail commun ce mercredi) qui modifiera la donne. Si grâce à la crise, les banques ont privatisé leurs profits et mutualisé leurs pertes, au final c'est le contribuable qui paye.Et paiera toujours plus. L'état des finances publiques en France ne laisse aucun doute sur la question. Les rodomontades sur la scène internationale, la sélection des banquiers en cibles mouvantes d'une thérapie collective contre les fauteurs de troubles ont cette vertu: elles distraient...." (Mediapart)

-"...Un financier comprend facilement comment il peut gagner de l'argent, mais il ne voit pas plus loin. Leur clairvoyance, leur compréhension de l'économie, est très relative. Ils savent comment faire de l'argent, dans les bons moments. Ils savent se protéger aux dépens de leurs investisseurs (…) Mais nous parlons d'un système économique bien plus complexe et global, ils ont démontré leur incompréhension totale en la matière. C'est le boulot des économistes, du gouvernement, des politiques de réfléchir à rendre viable l'ensemble du système, pour qu'il profite à tous" (J.Stiglitz)
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Une croissance illusoire - AgoraVox:
"La croissance économique globale importante ayant prévalu cette décennie jusqu’en 2007 est-elle redevable à la politique monétaire laxiste des Banques Centrales et à la dérégulation à outrance des marchés financiers ? Question subsidiaire mais cruciale pour l’avenir : une croissance stimulée par des liquidités fournies généreusement et à bas prix repose-t-elle sur des fondations saines et durables ?Une bulle spéculative se nourrit de la conviction des investisseurs et autres intervenants selon laquelle les prix d’un actif donné ne peuvent que monter. Euphorie qui les imprègne d’un sentiment de richesse - voire d’invulnérabilité - d’autant plus conforté, voire entretenu, par les actions - ou par le manque d’action ! - de la Banque Centrale. Pourquoi un investisseur hésiterait-il en effet à se ruer sur un actif - même très largement sur évalué - dès lors que sa propre Banque Centrale est toute disposée à lui procurer force liquidités qui viendront tout naturellement se loger dans cette bulle qui retrouvera dès lors un nouveau souffle ? Pourquoi les Banques Centrales ne seraient-elles pas autant responsables de la formation des bulles spéculatives que l’investisseur de base ? Ayant accédé à la Présidence de la Réserve Fédérale US en 1987 lors du crash boursier, Alan Greenspan réagit en son temps en réduisant agressivement les taux d’intérêts Américains. Scénario qui fut rejoué en 1998 lors de la débâcle du fonds LTCM et - de manière encore plus spectaculaire - en 2000 à l’occasion de l’implosion de la bulle des valeurs technologiques...Cette même Banque Centrale Américaine qui faisait preuve d’une empathie exemplaire à l’occasion des crises boursières se montrait passive - voire complice - dès lors que le crédit et que les capitalisations boursières s’emballaient. Les bourses, investisseurs et spéculateurs doivent ainsi une fière chandelle à nos Banques Centrales...En fait, nos Banques Centrales ont activement contribué à la déstabilisation financière et aux crises économiques subséquentes en encourageant les épisodes successifs d’escalades boursières de ces quinze dernières années ! Effectivement, le métier de spéculateur et d’investisseur en était devenu facile : le "moral hazard", cette indispensable analyse des risques préalable à toute prise de position, n’avait plus sa raison d’être puisque la Banque Centrale - devenue ange gardien - pratiquait une politique monétaire dont l’asymétrie agirait de toute façon comme une bouée de sauvetage généralisée ! Dans le cadre de la crise actuelle, nos autorités monétaires nous ainsi ont généreusement noyé dans un océan de liquidités afin d’anesthésier les appréhensions des Banques à accorder des crédits tout en forçant au placement boursier. Et voilà qu’au fil des récessions de ces dernières années les investisseurs et les Banquiers ont développé une mentalité d’assistés tirant au maximum parti des périodes fastes et tablant en période de troubles sur la baguette magique des Etats dont l’intervention ramènerait une croissance dont tout le monde sait pourtant qu’elle est artificielle...La Chine est ainsi le dernier exemple en date où le Gouvernement s’efforce de perpétuer artificiellement l’essor économique au lieu de laisser son économie s’adapter - certes douloureusement - aux baisses des exportations vers l’Occident. L’expansion monétaire chinoise au pas de charge de 30% annuellement contraint ainsi les liquidités à se loger dans tous les secteurs d’activité, de l’immobilier à la bourse, en gonflant une sorte de méga bulle qui fera des ravages lors de son implosion ! N’ayant rien appris des méfaits Occidentaux, les autorités et les Banques Chinoises préfèrent inonder leur économie de liquidités plutôt que de risquer aujourd’hui un ralentissement économique qui fragiliserait le pouvoir en place. Ou quand Keynes vient à la rescousse du Parti Communiste Chinois...Si les enseignements de Keynes sont précieux en terme de relance de la demande aggrégée, ils demeurent néanmoins déficients dès lors qu’il convient de s’attaquer aux déséquilibres structurels et ne doivent en tout état de cause pas s’appliquer dans le cadre d’une récession provoquée par l’implosion d’une bulle. Nos dirigeants n’ont-ils donc rien appris : Pourquoi s’acharnent-ils effectivement à créer une nouvelle bulle afin de lutter contre les dégâts causés par l’implosion de la précédente ? Les mesures Keynésiennes et autres stimuli fiscaux donnent certes l’illusion d’une reprise économique qui n’est en réalité qu’une nouvelle bulle entièrement tributaire des liquidités généreusement prodiguées par nos Etats. Ces stimuli ne règlent en rien les problèmes structurels de nos économies dont la résolution est pourtant indispensable à toute reprise durable de la croissance. Les liquidités ne sont pas le remède à nos maux, tout au plus un puissant anesthésiant permettant à nos dirigeants de gagner - encore et toujours - un peu plus de temps ! (M.Santi)

-0,3% de croissance, "un accident statistique favorable" | Eco89
-Transparence du crédit : les vaines promesses de Sarkozy | Eco89
-BPCE couvre les nouvelles pertes de Natixis
-Nicolas Sarkozy et les banques: une complicité bien rodée | Mediapart
- l'Unique a (re)frappé avec ses petits poings sur la table, les banquiers sont (re)effrayés -
-Chômage: une stabilisation en trompe l’œil
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-_Marchés financiers: comme avant
-La France et la crise
-Bonus des traders: quel changement?

vendredi 21 août 2009

jeudi 20 août 2009

Marchés financiers: comme avant

Transfert de risques

Jusqu'ici tout va bien...
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Un ancien trader témoigne : rien n'a changé sur les marchés financiers:
" Ancien trader, Nicolas* est aujourd'hui gérant d'un hedge fund. Selon lui, la politique de taux bas a permis aux banques de se refaire une sante sans pour autant les forcer à relancer la machine du prêt : dès le 1er trimestre 2009, les prises de risquent revenaient. Les banques n'ont pas changé !..
L'objectif était de sauver les banques et, en cela, les Etats ont fait tout ce qu'il fallait : en ramenant les taux d'intérêts à court terme à zéro, les banques centrales leur ont permis de se refinancer presque gratuitement. Un cadeau pour les établissements financiers qui prêtent cet argent «gratuit» aux Etats (qui ont des besoins de refinancement énormes) à plus long terme, 10 ans par exemple, mais à un taux proche de 4% : les banques centrales ont offert l'occasion aux établissements financiers d'operer massivement ce transfert en empochant la différence. Le seul problème, c'est que, en dehors des banques et des Etats, les autres acteurs de l'économie n'empruntent plus : les ménages supportent la hausse du chomage et les grandes entreprises réduisent les coûts au lieu d'investir.
A part les PME, qui sont très mal servies en prêts, personne n'a besoin de crédit : la chaîne de distribution des capitaux est bloquée. Avec ces liquidités qui ne circulent pas, les banques peuvent donc renouer avec des activités à risque, très lucratives : au 1er semestre 2009, la «value at risk», qui représente la prise de risque dans les placements, a explosé dans les bilans des banques américaines. Elles ont renoué avec les positions de marché.
-Vous voulez dire que l'aide aux banques a permis aux banques des prises de risques lucratives qui expliquent les résultats exceptionnels des premiers mois ?
Oui et non. Il faut se souvenir que beaucoup de personnes se sont faites virées après la chute de Lehmann Brothers. Beaucoup pensaient d'ailleurs que c'était la fin. Sans compter que les provisions pour pertes sur prêt, qui correspondent à l'activité de crédit traditionnel des banques, ont beaucoup augmenté au premier semestre ce qui est le signe que l'économie va mal.
«Les plans de relance ont donné lieu à un énorme transfert de risque des banques aux Etats.»

Ce mauvais indicateur et ces pertes ont été compensés par le trading et le conseil, stimulées par la moindre activité sur les marchés qui créait des opportunités intéressantes. Au final, on peut dire que les plans de relance ont été une énorme transfert de risque des banques vers les Etats. Et en cela, les profits jugés scandaleux de Goldman Sachs sont parfaitement cohérents : c'est la plus grande société de placement et de trading du monde, elle est repartie sur les chapeaux de roues.
Comment les conclusions du G20 et les déclarations des chefs d'Etat et ministres des finances en faveur d'une régulation des prises de risque et des rémunérations ont-elles influé sur le secteur ?
Tant qu'il n'y aura pas de loi, rien ne changera ! Le code de déontologie du Medef, le G20, les listes grises et noires, ça a bien fait rigoler. Pour les paradis fiscaux, malgré toute leur communication, personne n'est aujourd'hui capable de trouver le nom des propriétaires des trusts qui y font des affaires. La seule décision qui change un peu les pratiques, c'est l'accord entre les Etats-Unis et la Suisse sur la révélation de l'identité des clients d'UBS fraudant le fisc américain.
«Le code de déontologie du Medef et le G20 ont bien fait rigoler : tant qu'il n'y aura pas de loi, les rémunérations ne changeront pas !»-En dehors de ça, rien n'a changé. Maintenant, chacun reste dans l'expectative : une hyper-inflation ou une déflation et peut-être une nouvelle bulle : celle de la forte dette des Etats. Si les rémunérations des traders évoluent, ça sera par la loi ou par elle-même : aujourd'hui, la plupart des produits sont «à terme» et il n'est pas logique qu'un trader recoive un bonus pour quelques semaines de performance alors qu'une fois le produit vendu, la banque porte les risques sur plusieurs années de vie du produit."
-98 millions de dollars pour un trader ! - AgoraVox
-Le monde fait sa crise... financière
-Sauvés par les déficits ! - AgoraVox
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- Finances publiques en péril?
-Bonus des traders: quel changement?

mercredi 19 août 2009

Les prisons, encore


Une situation qui empire

-"Cinq ans après deux rapports déjà accablants, le Conseil de l’Europe vient de classer les prisons françaises parmi les pires de l’Union"

-Pour Patrick Marest de l’Observatoire international des prisons (OIP), c’en est trop : « C’est s’attaquer aux conséquences sans jamais vouloir regarder les causes. Ces mesures, c’est le degré zéro du respect de la dignité humaine... »
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L'administration pénitentiaire «camoufle»-t-elle des suicides?:
"...L’empressement de Michèle Alliot-Marie à se saisir du dossier des suicides en prison laissait entendre que la nouvelle Garde des Sceaux voulait rompre avec l’ère Dati. Mais finalement il n’en est rien. En déplacement à la maison d’arrêt d’Orléans, l’ancienne ministre de l’Intérieur s’est bornée à annoncer une série de mesures d’urgence qui ne s’attaquent pas aux racines du mal. Parmi les idées avancées par MAM : former les personnels à détecter les comportements suicidaires et généraliser les « kits de protection » composés de draps et de couvertures indéchirables, de pyjamas en papiers et de matelas anti-feu pour les détenus présentant des risques.
Pour Patrick Marest de l’Observatoire international des prisons (OIP), c’en est trop : « C’est s’attaquer aux conséquences sans jamais vouloir regarder les causes. Ces mesures, c’est le degré zéro du respect de la dignité humaine... » Et le délégué national de l’OIP a décidé de frapper fort. Puisque les annonces du ministre de la Justice ne sont pas à la hauteur, il dégaine un document à l’en-tête de la direction de l’administration pénitentiaire (AP) qui révèle que le nombre de suicides enregistrés l'an passé devrait peut-être être revu à la hausse.

Des décès devraient être reclassés en suicides?

Qu’apprend-on à la lecture de ce document intitulé « Bilan provisoire des suicides en 2008 » ? Premièrement, que repérer un détenu au comportement suicidaire empêche peu le passage à l'acte : « Sur les 109 suicides en détention, 28,44% des suicidants n'étaient pas repérés comme fragile ou suicidaire. On a donc aussi, en creux, précise le document, 71,56% des suicidants repérés à différents niveaux. »
On découvre surtout qu’au 31 décembre 2008, 131 « décès (hors suicide) » ont été recensés et que « parmi ceux-ci 85 sont qualifiés “Autres” (hors “Mort naturelle” et “Homicide”) ». Et pour l’auteur du document de poursuivre : « Il convient de noter que les décès survenus suite à une ingestion médicamenteuse nécessiteraient un examen des résultats d’autopsie et, pour un certain nombre d’entre eux, une possibilité de reclassement en suicide. » Pour Patrick Marest, ça ne fait donc aucun doute : « Il y a des suicides qui sont camouflés car qui définit le reclassement de ces décès en suicides ? L’AP ! On est au mois d’août 2009 et elle ne l’a toujours pas fait ! »

Le responsable de l’OIP ne décolère pas et poursuit : « Il est temps que la ministre prenne la mesure de la situation et de l’attitude de l’AP. Michèle Alliot-Marie parle de “totale transparence”, mais l’AP lui ment. On est face à une institution incapable de se remettre en cause. » Et pour Patrick Marest d’avancer ses solutions : « Il faut une commission d’enquête parlementaire d’urgence et surtout, qu’à l’avenir, la prévention du suicide dans les prisons revienne au ministère de la Santé. C’est à lui de la mettre en œuvre et de la piloter. Ça tombe bien : il y a des médecins, des infirmières dans les prisons ! Aujourd’hui, on est dans une situation aberrante. Dans les écoles, c’est bien le ministère de la Santé qui intervient pour la grippe A et pas les enseignants ? Dans les prisons, ce devrait être pareil ! » L'administration pénitentiaire devrait apprécier et ne tardera pas, c'est sûr, à faire part de son point de vue...
-Le document de l'administration pénitentiaire est téléchargeable ici .

-"Nous sommes dans un vaudeville carcéral»:
"«On tourne en rond. Il y a quelques mois, Rachida Dati avait annoncé exactement les mêmes mesures», rage Florence Aubenas, la présidente de l’Observatoire international des prisons, jointe par Libération, quelques minutes après la conférence de presse de Michèle Alliot-Marie...

Rien de neuf en réalité puisque toutes ces mesures font partie du rapport Albrand remis à Rachida Dati en avril dernier. «La France est régulièrement condamnée par la justice européenne pour traitement inhumain et dégradant et en réponse à cela, on ressort les mêmes annonces. Nous sommes dans un Vaudeville carcéral», poursuit Florence Aubenas.

IMG_1450 «Elle reprend c’est vrai les conclusions de ce rapport, reconnaît le porte-parole du ministère Guillaume Didier qui insiste: elle a décidé de le rendre public alors que jusqu'ici il ne l'était pas.»

En avril dernier, ce rapport avait suscité la pagaille dans la communication du ministère. Le docteur Albrand avait au dernier moment boycotté la remise de son rapport, estimant qu’il avait été largement édulcoré par l’Administration pénitentiaire. «C'est pour ça qu'aujourd'hui, j'espérais que la ministre ait le courage politique de reprendre mes conclusions, avant qu'elles ne soient retouchées par l'AP. Et en fait, pas du tout. Je suis déçu et inquiet».Florence Aubenas dénonce l'absence de mesures plus radicales : «En 2008, 71% des 115 détenus suicidés avaient fait l’objet d’un signalement. Mais aucune mesure n’a suivi.» Et de regretter qu’on ne se serve pas des outils déjà existants, comme, par exemple, le contrôleur de prisons. «Il faut qu’il soit doté d’un pouvoir d’injonction et non porteur d’un simple avis consultatif."...

-Michèle Alliot-Marie «n’a pas le souci de sauver des vies"

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