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jeudi 9 avril 2009

Vers la déglobalisation ?

Vers une gouvernance économique mondiale ou une fragmentation en blocs économiques homogènes et relativement indépendants, sous l'effet de la crise ?

"La notion de « déglobalisation » a été développée par Walden Bello dans un livre de 2002 dans un livre intitulé Deglobalisation : Ideas for au New World Economy (« Déglobalisation : Idées pour une nouvelle économie mondiale »). Il y précise que la « déglobalisation » ne veut pas dire le retrait de la communauté mondiale : « Il s’agit de réorienter les économies, de la priorité à la production pour l’exportation, à celle pour la production destinée aux marchés locaux »
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La gouvernance mondiale est un mythe:
"...Le G20 était avant tout une grande messe médiatique destinée à traiter la dimension psychologique de la crise. De ce point de vue, ses résultats réels importent moins que le fait que la réunion ait eu lieu et se soit conclue par un accord, aussi creux et aussi partiel soit-il. En revanche, la portée historique de l’évènement est plus délicate à percevoir. On peut tout aussi bien y voir comme Nicolas Baverez l’avènement d’un « nouvel ordre mondial » caractérisé par une nouvelle mondialisation, désormais politique et multipolaire, ou comme Pierre Antoine Delhommais le triomphe de la mondialisation néolibérale qui annonce un nouveau monde qui sera la copie conforme de l’ancien, avec les mêmes fragilités et les mêmes travers.... Un embryon de gouvernement mondial -L’ordre du jour de ce G 20 était incontestablement celui d’un gouvernement économique mondial. Les Américains voulaient accentuer les programmes de relance. Les Européens, moraliser le capitalisme et en finir avec les paradis fiscaux. Les Russes et les Chinois, jeter les bases d’une monnaie de réserve supranationale. Le FMI, augmenter ses moyens d’intervention et nettoyer les bilans des banques. Même si aucun de ces objectifs n’a été pleinement atteint, plusieurs annonces laissent clairement entrevoir le début d’une gouvernance mondiale du capitalisme : création du conseil de stabilité financière, contrôle des hedge funds présentant un risque systémique, assouplissement des normes comptables, soutien au commerce mondial etc … Sans discuter le caractère suffisant ou approprié de ces mesures, constatons une intention claire de réguler collectivement le capitalisme mondialisé. Si cette tendance se confirmait, on pourrait alors envisager un traité mondial, une constitution économique chère à Paul Jorion, un conseil exécutif adossé à l’ONU et une assemblée représentant les peuples qui aurait la tutelle sur toutes les institutions multilatérales participant l’encadrement de l’économie mondiale : OMC, FMI, Banque mondiale, OIT... L’hypothèse d’une gouvernance économique mondiale est pourtant une chimère. Les piètres résultats du G 20 au regard des ambitions initiaux attestent des limites de cet exercice...
Pour rechercher cette optimisation des profits, la mondialisation s’est attachée à désarmer les Etats en les mettant en concurrence les uns avec les autres dans un système où gagnant est toujours le plus laxiste. La mondialisation est une construction clairement post-politique dans le sens où elle a voulu échapper au politique. Elle a progressé à chaque fois que les Etats ont libéralisé, dérégulé ou encouragé la circulation des hommes, des capitaux et des entreprises au niveau mondial. La mondialisation qui a prospéré sur l’absence de normes au niveau étatique ne va pas spontanément se soumettre à des normes au niveau mondial...
La mondialisation se fragmentera en différents ensemble continentaux où les nouvelles puissances définiront souverainement les règles applicables à leur marché intérieur. Ca en sera fini du terrain de jeu mondial, de la totale liberté de circulation des capitaux, des marchandises et des entreprises et de la domination des forces du marché sur le pouvoir politique. Il y aura toujours des échanges entre ces grandes zones continentales et un besoin de normes pour les organiser. On sera donc toujours dans un système mondialisé mais ce ne sera plus la mondialisation.
" (Malakine)

-La déglobalisation ou quand la mondialisation recule toute seule
-Les mots de la crise
- Walden Bello et la « déglobalisation »:
"...Par ses propositions, le paradigme de la déglobalisation propose une approche stratégique alternative qui repose sur deux idées : « déconstruire » le pouvoir des grandes firmes et des marchés financiers, et reconstruire des solidarités sociales, de communautés, un environnement vivable, et une économie locale. Malgré cela, les critiques de la déglobalisation persistent à la confondre avec l’autarcie et le protectionnisme, et la considèrent comme un refus rétrograde des aspects « positifs » de la globalisation. Telle que nous avons résumé les grandes lignes, la déglobalisation parvient peu, du moins jusqu’à présent, à intégrer dans sa proposition les nouveaux réseaux économiques, politiques, sociaux et technologiques représentatifs dans la phase actuelle de l’opposition au capitalisme global..."
-Le dilemme de la “déglobalisation”:
"...S’agit-il aujourd’hui de “protectionnisme” ou de “déglobalisation”? “Les deux, mon colonel”, répond l’expert, finaud. Ce n’est pas faux, on l’a vu, et c’est un dilemme, qui se reflète d’ailleurs dans l’embarras de certains critiques du protectionnisme qui admettent par ailleurs “comprendre” le mouvement de déglobalisation. C’est le cas lorsque Pascal Lamy, qui dirige l’OMC, dit à Davos: «Il est naturel qu’il y ait dans une telle crise une grande demande de protection. Mais cela ne signifie pas qu’il devrait y avoir du protectionnisme» («It is natural in such a crisis that there is a big call for protection. But that does not mean there should be protectionism»). Traduisons, mais traduisons vraiment, en fonction de la tournure un peu alambiquée, c’est-à-dire gênée aux entournures, des deux phrases: “un peu de protection c’est naturel, le protectionnisme ce n’est pas bien”. On se demande qui fera la différence entre “protection” et “protectionnisme”, à part le “isme” qui permet aux éditoriaux du Financial Times de paraître vertueux.
Il est vrai que la globalisation est ce mouvement déstructurant, prédateur des identités et des souverainetés, qui a très largement contribué à massacrer les particularismes économiques, les équilibres des nations et des régions, l’équilibre universel de l’environnement; qui a très largement contribué à massacrer les cultures (dans les deux sens, après tout), les sociétés, etc.; et ainsi de suite. De ce point de vue, qui est fondamental pour définir la crise, la déglobalisation, dans tous les cas un peu ou pas mal de déglobalisation, se justifie, sinon s’impose, notamment pour lutter contre la crise. Mais la globalisation ne “marche” qu’appuyée sur le libre-échange avec le moins de restriction possible, et pas de restriction si possible, et, par conséquent, le protectionnisme est son grand ennemi; dito, le protectionnisme, c’est par conséquent aussi la déglobalisation, – et le tout, si l’on accepte aussi que le protectionnisme est effectivement une menace d’aggravation de la crise, forme un dilemme entre deux appréciations et deux politiques éventuelles, entre lesquelles il est bien difficile de trancher puisqu'il se pourrait bien qu'elles soient semblables...
Le protectionnisme, dans cette atmosphère générale de déglobalisation, est quelque chose dont on voit mal comment il pourra ne pas se développer, d’une façon ou l’autre, notamment sous le nom de déglobalisation. Les USA mènent la charge, eux qui sont spécialisés dans le domaine de la tromperie à cet égard, grands donneurs de leçons et dénonciateurs du protectionnisme, et mainteneur du protectionnisme chez eux par des moyens variés; mais, cette fois, bien peu préoccupés du qu’en dira-t-on, ne dissimulant pas leurs intentions, parce que la maison brûle. Dira-t-on (les puristes de la logique) qu’ils se tirent une balle dans le pied, eux qui ont lancé la globalisation, faux-nez pour l’américanisation? Qui a dit que la cohérence intellectuelle était la caractéristique du monde civilisé dans les heures que nous traversons, alors que ce ne fut même pas le cas lorsque tout allait bien? ..."
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- Nouvel ordre politique mondial ?
-Libre- échange en question

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