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jeudi 16 octobre 2008

Et mon dimanche ?


Du temps...
Du temps pour le travail, mais aussi du temps pour la détente, les loisirs, la famille, la vie sociale , associative, la culture...L'homo oeconomicus va-t-il finir par s'imposer les sept jours de la semaine ?
Une journée hors de l'univers productif et marchand , un temps pour se dégager des sollicitations utilitaires pour se dis-traire et se cultiver, pour se refaire , se recentrer...
Mais pour l'univers de la marchandise, il semble qu'il y ait trop de temps (et de profit) qui lui échappe et pour nos idéologues de service, trop de temps pour penser.
Sur la base d'une enquête biaisée, en faisant appel au chantage économique, on nous pousse à la consommation sans fin pour occuper notre "temps de cerveau disponible" , nos envies bien formatées et pour compenser des salaires insuffisants...

La marchandisation du monde à la conquête du temps:

"Xavier Bertrand, avec sa proposition de favoriser le travail le dimanche suivie de celle d'ouvrir des crèches 7 jours sur 7 vient de relancer le débat sur le temps de travail. Mais cette fois, il ne s'agit plus du travailler plus pour gagner plus, mais d'un nouveau slogan «gagner plus en travaillant hors des horaires normaux de travail» qui pose d'autres questions.
Le «travailler plus pour gagner plus» était critiquable parce qu'il induisait un arbitrage entre les heures supplémentaires et les créations d'emploi pouvant être vecteur de chômage, et surtout parce que ce slogan, s'il est vrai au niveau de l'individu, ne pouvait pas l'être, sauf de manière marginale, au niveau de l'économie toute entière.
Ici, il s'agit bien d'augmenter globalement la quantité de travail en étendant la sphère de l'activité salariée à toutes les plages de temps. Aujourd'hui on parle du dimanche. Bientôt on parlera de la nuit et de services ouverts sept jours sur sept. Plus qu'une question économique, il s'agit d'un choix de civilisation.
Le marché est un redoutable conquérant. Après avoir conquis l'ensemble de la planète et converti quasiment toutes les économies à ses lois, après avoir ramené la sphère publique à la portion congrue, il est désormais à la conquête du temps libre. Le dimanche, le soir, la nuit sont ses nouveaux terrains d'expansion. S'il y a des besoins, il doit y avoir moyen d'y faire du fric !...

L'ouverture des activités marchandes sept jour sur sept et 24 heures sur 24 est effectivement dans la logique du système. Elle se prévaut d'arguments économiques et répond à une demande sociale, d'autant plus réelle qu'elle est artificiellement suscitée par un effet de domino. Plus les temps sont déstructurés, plus ils appellent de déstructuration.
Un jour, on se souviendra sûrement avec nostalgie de l'époque où les nuits étaient noires et silencieuses, où les dimanches étaient morts où il y avait des heures de pointes parce que tout le monde faisait tout en même temps, où l'on pouvait faire la fête le samedi parce que personne ne travaillait le lendemain, où l'on pouvait prendre une demi journée de RTT pour se débarrasser des formalités et se libérer le week-end. On se dira que c'était le bon vieux temps... "(Malakine)

-Enquête sur le travail le dimanche, cette obsession présidentielle | Mediapart:
"Soudain, le 12 octobre, alors que les dirigeants des 15 pays membres de la zone euro étaient en train d’élaborer à l’Elysée un colossal plan de sauvegarde du secteur bancaire, le travail du dimanche est devenu une priorité nationale.Tout a commencé par un sondage, paru dans le Journal du dimanche, annonçant que 67% des Français accepteraient de travailler le dimanche si leur employeur le leur proposait.

«C'est une nouvelle France qui se dessine, qui pense ne plus avoir d'autres choix que de sacrifier ses acquis sociaux», écrit le JDD qui croit pouvoir titrer : «La crise économique favorise des réformes que l'opinion rejetait.»En octobre 2007, un autre sondage du même IFOP n'indiquait-il pas que «51% des Français disaient être favorables au travail le dimanche», souligne un peu plus tard l'AFP? – une agence dont de nombreux journaux et sites web reprennent les dépêches...A 13 heures, la bataille du dimanche continue à la télévision. Sur le plateau de France 2, le ministre du travail, Xavier Bertrand, est invité par le présentateur, Laurent Delahousse, à commenter les fameux 67% du sondage du JDD. Il jubile. «Les esprits sont en train d'évoluer. (...) Les Français sont en train de se rendre compte que si la règle actuelle ne change pas sur le travail le dimanche, des dizaines et des dizaines de milliers de salariés vont y perdre, ceux qui travaillent aujourd'hu, dit le ministre, persuadé que le travail dominical servira la croissance.

Xavier Bertrand assure que le travail du dimanche sera «volontaire» et «payé double» (vidéo disponible sur le site de Libération).L'après-midi, le travail officiel de persuasion continue. Le ministre du travail, Xavier Bertrand, et le porte-parole du gouvernement, chargé de la consommation, Luc Chatel, se rendent au centre commercial de Thiais (Val-de-Marne) qui est au cœur d'une longue bataille juridique entre les commerçants (qui veulent ouvrir le dimanche) et des syndicats (qui les attaquent régulièrement et gagnent, car le travail du dimanche est interdit par la loi). Les caméras ont été conviées.Objectif de cette journée : mettre sous les projecteurs de l'actualité une réforme des règles sur le travail dominical. Réglementation complexe, qui fait du dimanche un jour chômé..., mais autorise une foule de dérogations. Une loi souvent contournée par de nombreux centres commerciaux en région parisienne, en Rhône-Alpes et en Provence-Alpes-Côte d’Azur..."

-La crise, prétexte idéal pour imposer le travail le dimanche | Rue89:

"...Le lobbying ne faiblit pas pour autant. Il est même encouragé, comme en témoignent les échanges épistolaires entre Richard Maillé, Roger Karoutchi, Axel Poniatowski et François Fillon.Ce n’est d'ailleurs que du fait de la pression de quelques enseignes prises de nouveau la main dans le sac que ce dossier revient aujourd'hui sur la table, et ce, à la veille des plaidoiries destinées à leur présenter l’addition de la somme de leurs infractions. A grands renforts de moyens de communication, ces enseignes mobilisent tout ce qu’elles ont de réseaux pour obtenir les mêmes dérogations que dans le secteur de l’ameublement..."

-Polémique sur le travail du dimanche:

"...Même le patronat n’est pas forcément pour. C’est du moins ce que fait savoir hier la Confédération générale des petites et moyennes entreprises dans un communiqué : « Le commerce de proximité subit de plein fouet le ralentissement de la consommation (…). Prétendre libéraliser maintenant l’ouverture des commerces le dimanche, c’est prendre le risque de porter un coup fatal au commerce proximité. »...

-L’escroquerie du repos dominical... | AgoraVox

- Capitalisme et Rapport au temps:
"...Et ce n’est pas la moindre contradiction du capitalisme que, d’une part, avoir ouvert le champ des possibles en nous libérant du poids de la tradition reconduite aveuglément ; pour, d’autre part et simultanément, refermer ou du moins singulièrement rétrécir ce champ en nous privant de l’horizon qui en permet le déploiement....

On se rend compte combien le capitalisme est ennemi du temps. Ce qui me conduit à parler d’une véritable chronophobie du capital. Le temps, voilà l’ennemi pour le capital ; ennemi qu’il ne peut certes jamais vaincre, mais qu’il va chercher constamment à réduire. Doublement.D’une part par l’unidimensionalisation du temps : le temps réduit tendanciellement au seul présent. Le capitalisme abolit le passé au nom du présent et du futur ; et simultanément le futur au profit du présent. Seul subsiste en définitive le présent érigé en seul « temps réel ».D’autre part – mais ceci n’est que la conséquence de cela – par la dictature de l’immédiat : alors que le temps est par définition la dimension de la médiation, qu’il n’existe que sous la forme de l’intermédiation du passé, du présent et de l’avenir, le capitalisme institue une dictature de l’immédiat, donc là encore du présent. Ce qui ne fait que redoubler l’irréalité du soi-disant « temps réel »...."

-Touche pas à mon dimanche (Objet application/pdf)
-Consumérisme, précarité et destructions d’emploi : vive le travail le dimanche !
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"Il faut bien comprendre que pour les libéraux, la famille constitue l’un des derniers obstacles à la diffusion de leur idéologie totalitaire. Ce lieu universel de gratuité et de solidarité, échappant encore partiellement à l’économie marchande, doit être éclaté.
Après avoir, pour les besoins de son commerce, encouragé non pas, ( comme on le croit à tort ), la liberté sexuelle mais la permissivité au-delà de ce que une société peut accepter sans vaciller sur ses fondements, la société libérale veut, avec des mesures comme le travail le dimanche, et pourquoi pas la nuit, les crèches ouvertes en continu, les obligations de mobilité géographique, éclater encore la cellule familiale. C’est ce qu’ils appellent « créer de l’emploi » c’est à dire que ce qui se faisait normalement gratuitement dans le cadre d’échanges familiaux va nécessiter des solutions payantes qui vont entrer dans la sphère marchande. On troquera pour certains de l’amour et de la présence parentale contre quelques satisfactions financières, on remplacera pour d’autres la sortie dominicale ludique par la visite aux temples de la consommation.
Bienvenue dans le monde libéral !" (Léon sur Agoravox)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour

j'ai vu cette analyses sur les sondages du travail le dimanche. Je trouve le point de vu intéresssant, n'est-ce pas ?
http://www.delitsdopinion.com/1analyses/travail-le-dimanche-une-necessaire-mise-au-point/