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mardi 12 février 2008

Xénophobie...


(Vu par Claude)

"Depuis plus de 2 siècles, on retrouve les mêmes mots (ou maux ? ? ? ?) dans la bouche et l’esprit des xénophobes. il changent juste la nationalité de ceux qu’ils détestent !

Les figures de l’étranger

"Cette troisième partie s’intéresse aux représentations de l’étranger, cette fois pour l’ensemble du siècle. Que désigne-t-on par étranger au XIXe siècle ? Telle est la question, centrale, à laquelle on cherche à répondre. Dans la France du XIXe siècle, un certain nombre de groupes sociaux posent des problèmes, tant aux responsables politiques et administratifs qu’à la population: vagabonds, mendiants, plus généralement marginaux, sont désignés comme étrangers. En outre, la société française bruit d’innombrables conflits: entre villages tout proches, entre catholiques et protestants ou juifs, entre Bretons et Normands, Auvergnats et Parisiens, entre curés et maires, entre curés encore et instituteurs, entre compagnons, entre paysans et migrants saisonniers…: au-delà des simples motifs politiques ou religieux, ces conflits posent la question du rapport à l’Autre, un Autre perçu et défini comme étranger. Ainsi, deux conceptions de l’étranger, l’une locale, l’autre “nationale”, unanimement partagées par le paysan et le procureur, l’ouvrier et le ministre…, se côtoient, et s’interpénètrent tant dans les représentations sociales que dans l’action publique. Cependant, à mesure que les années passent, l’essentiel de ces conflits extrêmement localisés disparaît pour laisser place à des conflits qui, à partir des années 1880, participent de processus idéologiques, sociaux, politiques nationaux. Dans le même temps, l’usage du terme étranger évolue: s’il conserve son sens local (est étranger celui qui n’appartient pas au cadre de vie, professionnel, familial, spatial), le mot renvoie néanmoins de plus en plus à un individu que sa nationalité distingue. Par conséquent, à la conception floue, foisonnante, attestée par la polysémie débordante du vocable, se substitue une perception de plus en plus unifiée de l’étranger. Mieux encore, étranger réfère désormais à trois “catégories” majeures: les travailleurs immigrés, les espions et, dans certains milieux, les juifs. À Marseille, les dockers ne protestent plus contre les Piémontais ou les Italiens, mais contre les étrangers, c’est-à-dire la main-d’œuvre étrangère. Au même moment, des créations terminologiques expriment cette transformation sémantique: xénophobie, par exemple, apparaît au tournant du siècle.(...)

" Enfin, autre thème récurrent, la description des quartiers "réservés" de l’immigration. Là encore, il faut remonter à la fin du 19è siècle pour voir apparaître ce genre "littéraire" au moment de l’explosion de la presse locale en quête de sensationnel. En Lorraine par exemple, la presse populaire évoque "les vieilles sordides à la peau fripée et aux cheveux rares, qui font mijoter des fritures étranges dans des poêles ébréchées. Toute cette cuisine diabolique passe encore sous le ciel bleu de l’Italie, et fait d’ailleurs partie de la couleur locale des quartiers pauvres de Rome ou Naples. Mais il en est tout autrement en Lorraine où la saleté chronique et la façon de vivre déplorable des Italiens font courir de sérieux dangers de contamination à la population indigène" (l’Etoile de l’Est, 24 juillet 1905). Le comble de la xénophobie consiste ici à reprocher aux immigrés des conditions de vie en France dont la responsabilité incombe à la société française. On retrouve ce genre de descriptions très fréquemment dans l’entre deux guerres, notamment à Marseille. "Là, le blanc, et plus particulièrement, l’espagnol misérable, rétrograde jusqu’au sauvage. La bicoque devient la hutte, la hutte tombe dans l’immondice, l’immondice prend vie, se manifeste en pullulations pécunières." (L. Naudeau, 1931).(...)"

"Les Ritals

Mohammed s’appelait alors Giovanni ...

Premier artisan de l’immigration: l’Etat.

(...) Pendant la guerre de 14/18, parce qu’ils étaient arrachés au rythme des explosions dans les tranchées de la Meuse, les bras manquaient dans les champs ou les usines de fabrication d’armements ; des accords d’emploi furent ainsi conclus avec les pays amis, en particulier l’Italie. Un Office d’Etat dispersa sur le territoire les étrangers au gré des besoins, avec autant d’ardeur qu’il tenta de les renvoyer chez eux une fois le conflit achevé. Mais les syndicats d’employeurs avaient pris le relais...(...)

Deuxième artisan de l’immigration: le patronat.

La révolution industrielle impliqua un énorme besoin de main d’oeuvre non qualifiée dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Une partie du patronat regardait déjà vers les réservoirs de main d’oeuvre étrangère pour d’abord pallier les insuffisances de l’offre nationale, puis rabattre les prétentions des ouvriers français: dans les années 1860, les houillères du nord envoyaient des agents recruteurs en Italie ; les soyeux lyonnais déléguaient des padroni et vantaient les qualités des Italiens, "véritables chinois de l’occident", prêts à se contenter d’un peu de polenta à défaut de riz. C’est sous la direction d’un capo maestro que les équipes italiennes arrivaient toutes constituées dans les oliveraies méridionales des années 20. Contrats fallacieux et dépôts clandestins fleurissaient... Le patronat du Midi, avant guerre, avait vite compris tout le parti à tirer de cette "fourmilière" d’où l’on tirait ou rejetait, au gré des besoins, des journaliers interchangeables...(...)

"Le nombre des étrangers de toutes conditions qui vivent actuellement chez nous peut être évalué, sans crainte d’exagération, au chiffre de 1,8 millions, soit près de 5% de la population totale. [...] Nous devons dire, pour la clarté même de la question qui passionne l’universalité des travailleurs français que, sur ces 1,8 millions d’individus établis chez nous, 60 000 à peine vivent de leurs revenus, c’est à dire nous apportent de l’argent. Les autres, plus de 1,7 millions, nous en prennent, tout en échappant à la plupart des charges qui pèsent sur nos nationaux. Dans certaines villes, à Marseille par exemple, la majeure partie des grandes usines ont éliminé de leur personnel jusqu’au dernier de nos nationaux

[...] L’envahissement des Italiens s’étend rapidement à toute la Provence. A Toulon le mal sévit avec autant de violence qu’à Marseille.

[...] Tous les rebuts des cinq parties du monde peuvent acquérir la qualité de citoyen français. Bien mieux, le législateur de 1889 a imposé la qualité de français à des gens auxquels jusque là le hasard d’une natalité française accordait simplement la faculté d’une option. Le résultat inévitable de cette loi a été que les naturalisations ont décuplé.

[...] Après avoir aidé les leurs à conquérir sur nous le travail qui faisait vivre les nôtres, les Italiens naturalisés français marchent dès maintenant à la conquête de l’Hôtel de Ville de Marseille [...] La race française, fortement entamée dans cette ville, sera sûrement débordée avant peu, si l’on ne se décide à arrêter enfin la marée montante des naturalisations."

J. Berjont - "De l’envahissement des étrangers en France - la Provence Italienne" - 1903 - (extraits)(...)"""

à découvrir aussi:

"Les différentes vagues d’immigration

La France est le plus ancien pays d’immigration en Europe. Dès la seconde moitié du XIXe siècle une immigration de masse est venue combler les pénuries de main-d’œuvre.

D’abord frontalière (allemande, belge), elle s’est diversifiée à la fin du XIXe siècle, et plus encore après la Première Guerre mondiale, pour répondre aux besoins de reconstruction du pays. Les immigrations italienne (communauté la plus nombreuse en 1930) et polonaise ont largement contribué à alimenter les secteurs de la mine, du bâtiment et de l’industrie sidérurgique et métallurgique.

Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale le paysage migratoire s’est diversifié car l’immigration italienne, moins importante que prévue, a été remplacée par une immigration de courte durée, espagnole, portugaise, yougoslave, turque, tunisienne, marocaine et, enfin, originaire des pays subsahariens. L’immigration algérienne, quant à elle, est bien plus ancienne puisqu’elle a commencé dès la fin du XIXe siècle.(...)" (d'après Claude sur Agoravox)

La xénophobie : Le mot du psychanalyste

La lutte contre le racisme et la xénophobie : rapport d'activité 2004


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